Mohamed Mahmoud Khalil — Wikipédia

Mohamed Mahmoud Khalil
Mohamed Mahmoud Khalil
et son épouse, Émilienne (années 1920)[1].
Fonctions
Member of the Senate of Egypt
-
Agriculture Minister
-
Titre de noblesse
Bey
Biographie
Naissance
Décès
Nationalités
Activités

Mohamed Mahmoud Khalil (dit aussi Muhammad Mahmûd Khalîl, en arabe محمد محمود خليل), né au Caire en 1877 et mort à Paris le , est un juriste et homme politique égyptien, francophile et amateur d'art moderne. Le musée Mohamed Mahmoud Khalil est à la fois son ancienne résidence et contient une partie de sa collection, qu'il constitua avec son épouse d'origine française.

Dans les médias, son nom est souvent suivi par le titre honorifique de bey ou de pacha.

Biographie[modifier | modifier le code]

Mahmûd Khalîl est né au Caire en 1877 dans une riche famille qui possédait de vastes terres agricoles. Il a étudié l'agriculture après avoir été élève au lycée français du Caire, puis il se rend à Paris en 1903 pour étudier le droit à l'université de la Sorbonne en 1897. Là, il épouse en 1903 Émilienne Hector Luce (1882?-1960) appartenant à la classe moyenne française ; originaire de Paris, elle chante dans des opérettes, danse et enseigne la musique[2]. Il retourne au Caire avec son épouse et réside dans son hôtel particulier de Gizeh à partir de 1918, lequel bâtiment avait été construit pour le banquier Raphaël Suarès (1846-1909), l'un des cofondateurs de la Banque nationale d'Égypte (NBE). Il ouvre un cabinet de consultance juridique et d'avocat. Il commence à prendre place dans divers conseils d'administration de grosses entreprises égyptiennes dont l'« Agricultural Bank of Egypt », filiale de la NBE[3].

Très secret, réservé, il a comme passe-temps favori de collectionner des œuvres d'art moderne, accompagné de sa femme, lors de fréquents voyages à Paris. Le couple achète des toiles impressionnistes et aussi des sculptures. Cette collection, inventoriée en 1933, est à cette époque l'une des plus belles du Moyen-Orient, elle comprend des chefs-d'œuvre de l'art français entre 1830 et 1905[3].

Il fonde, sur l'initiative du prince Yūsuf Kamāl (d) (1882-1965), la Société des amis des beaux-arts du Caire (jam‘ iyyat muhibbi al-funun al-jamila) au printemps 1923 qui regroupe des membres de la famille du sultan, des financiers, des ingénieurs britanniques, français et italiens travaillant au Caire. À partir de 1925, cette association organise chaque année un salon de peintures orientales et occidentales[3].

En 1937, il est nommé ministre de l'Agriculture et devient le commissionnaire du pavillon égyptien de l'exposition universelle de Paris. Sur une proposition de Jean Zay, il est nommé grand-officier de la Légion d'honneur[4].

Membre du parti Wafd, il est élu président du sénat égyptien en 1939, après en avoir assuré la vice-présidence. En , le roi Farouk le charge de former un nouveau gouvernement, puis il est écarté du pouvoir, officieusement par les Britanniques qui l'estiment défaitiste[5].

Après guerre, il est nommé correspondant de l'Académie des beaux-arts à Paris le . L'année suivante, il supervise l'exposition France-Égypte organisée au Caire[6].

Passant six mois de l'année en France, Mahmoud Khalil est mort à Paris le d'une crise cardiaque. Sans enfant, il laisse à son épouse, en vertu de la loi coranique, un quart de sa fortune. Après de longues tractations, sa demeure de Gizeh et les collections qu'elle contient deviennent en 1962 le musée Mohamed Mahmoud Khalil[3],[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Nadia Radwan, Les modernes d'Égypte, Berne, Peter Lang Verlag, 2017, pp. 140-143.
  2. Nantes-Mondain, photo et biographie en une du 9 novembre 1901, citée par Samir Raafat.
  3. a b c et d (en) « The House of Mohammed Mahmoud Khalil and How it became a National Museum », par Samir Raafat, Cairo Times, 30 avril 1998.
  4. Correspondance de l'Orient, mars 1938, p. 125 — sur Gallica.
  5. L'Echo d'Alger, 5 février 1942, sur Gallica.
  6. Le Décor aujourd'hui, 53, Paris, octobre 1949.
  7. Musée Mamoud Khalil, site officiel

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Pouillon et Jean-Claude Vatin (direction), Après l'orientalisme. L'Orient créé par l'Orient, Paris, Karthala, 2011, p. 553.

Liens externes[modifier | modifier le code]