Prosper Marilhat — Wikipédia

Prosper Marilhat
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Décès
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Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Marilhat (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Médaille d'Or au Salon de 1844

Georges-Antoine-Prosper Marilhat, né le à Vertaizon (Puy-de-Dôme) et mort le à Paris, est un peintre orientaliste et naturaliste français. Son œuvre peint, outre deux eaux-fortes originales, a été l'objet de plusieurs gravures et lithographies d'interprétation.

Biographie[modifier | modifier le code]

L'enfance et l'adolescence de Prosper Marilhat, fils du banquier Pierre-Luc Marilhat et de Jeanne Boudal Delapchier du Chasseint, se déroulent entre le château de Sauvagnat[1] à Vinzelles et Thiers où il suit ses études classiques. Le dessinateur italien Giovanni Valentini[2] (1796-1878) et l'artiste régional Michel Goutay-Riquet (1804-1858) l'initient au dessin et à la peinture.

Sa famille bourgeoise lui souhaite une carrière dans la traditionnelle coutellerie thiernoise. Pendant dix-neuf mois, Marilhat sera improvisé commis-voyageur dans le midi de la France pour le compte d'un oncle industriel coutelier. Marilhat remplit plus ses carnets de dessins que les bons de commande. Ses parents cèdent aux pressions du baron de Barante. Prosper Marilhat quitte Thiers, en 1829, pour Paris où il intègre l'atelier de Pierre-Luc-Charles Cicéri (1782-1868)[3] qu'il abandonne rapidement pour celui de Camille Roqueplan. Il débute au Salon de 1831 avec un Site d'Auvergne.

Son goût pour Poussin et les grands classiques le font surnommer « Précis ». Le baron von Hugel qui prépare une expédition scientifique au Moyen-Orient le remarque et l'invite. Il s'embarque à Toulon sur le brick D'Assas avec toute l'expédition début [4]. Dans sa correspondance avec sa famille, Marilhat donne des descriptions de son voyage qui font l'admiration de Théophile Gautier "Marilhat eût pu acquérir, comme écrivain, le nom qu'il a conquis comme peintre". Marilhat laisse l'expédition à Alexandrie, et, pour subsister il peint des portraits et quelques décors de théâtre. Il retourne en France sur le Sphinx, qui remorque l'obélisque de Louxor, en compagnie du lieutenant de vaisseau et graveur Léon de Joannis (1803-1868) et avec lequel il collaborera pour sa publication Campagne du Luxor (1835, page de garde et planche 15). Mi-mai 1833, il débarque à Marseille fort de dix albums de croquis et dessins. G. Schurr se trompe en écrivant « on le baptisa l'Égyptien »[5]". En effet, Marilhat écrit, en rade de Toulon, le un courrier adressé à sa sœur et signe « L'Égyptien Prosper Marilhat »[6].

Après un passage en Auvergne où il peint dans la région de Royat, Marilhat s'installe à Paris qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort hormis les deux mois de vacances qu'il passe dans la région thiernoise chaque année, et, les deux voyages qu'il effectue en Italie et en Provence. Il fréquente le « Cercle des Arts » où il rencontre Prosper Mérimée.

Marilhat grave ses deux seules eaux-fortes originales représentant les deux chef-d'œuvre : La Place de l'Esbekieh et Souvenir de la campagne de Rosette. "On ne peut que regretter un chiffre aussi faible ; Marilhat se place parmi les pionniers de l'orientalisme... En revanche, ses tableaux ont été largement diffusés par la lithographie et la gravure[7]".

Été 1835, sur les conseils de Théodore Caruelle d'Aligny, il effectue le traditionnel voyage en Italie (Rome, Livourne, Venise, Bologne, Milan). Charles-Philippe Auguste Carey (1824-1897) gravera en 1850 La Conversation dans un parc qui représente la villa Doria Pamphilj. Il rapporte un tableau Crépuscule qui est refusé par le jury du Salon.

Été 1836, il voyage en Provence (Viviers, Villeneuve-lès-Avignon) en compagnie de Corot et d'un ami de ce dernier Achille-Adolphe Francey (1810-1892)[8], ainsi que de Gaspard-Jean Lacroix.

Malade, Marilhat ne peut retourner en Orient, et, exécute à Paris trois commandes royales en 1844 et 1845.

1846, ses amis Prosper Mérimée et Corot interviennent pour qu'une bourse de 1 200 francs lui soit attribuée.

Il meurt le à Paris[9] après avoir perdu la raison, victime de la syphilis. Son atelier (61 tableaux, 22 dessins, ...) est vendu les 13 et . Prosper Marilhat est enterré au cimetière du Père-Lachaise (16e division)[10].

Son œuvre peint a attiré l'attention d'une quarantaine de graveurs dont Julien Léopold Boilly (1796-1874), Charles Bour (1814-1881), Louis Français (1814-1897), Georges de Lafage-Laujol (1830-1858), Louis Marvy (1815-1850), William Marks (1815-1869), Marie-Alexandre Alophe (1812-1883), Adolphe Mouilleron (1820-1881), Célestin Nanteuil (1813-1873), et plus particulièrement Jean-Joseph Bellel (1816-1898)[11], Jules Laurens (1825-1901), ainsi qu'Eugène Leroux (1811-1863).

Il subit, comme Français, l'influence de Cabat et d'Aligny, peintres de l'école de Barbizon[12].

Tombe au cimetière du Père-Lachaise.

En 1930, pour le centenaire de l'Algérie, L'Amirauté à Alger (hst, 22×34) figure à l'exposition Alger 1930[13].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Dessins, aquarelles[modifier | modifier le code]

  • Jeune femme noire vêtue à la turque, graphite et pierre noire, H. 0,191 ; L. 0,230 m[14]. Paris, Beaux-Arts de Paris[15]. De 1831 à 1833, Marilhat voyage en Orient, profitant de ce séjour pour exécuter de nombreux dessins sur le vif. La feuille offre une image fantasmée et fantaisiste de la femme orientale, assise en tailleur "à la turque", adossée à un large cousin brodé, telle que les amateurs européens se la représentent depuis le XVIIIe siècle.
  • Vue de Lattaquié en Syrie, pierre noire et aquarelle, H. 0,151 ; L. 0,351 m[16]. Paris, Beaux-Arts de Paris[17]. L'aquarelle offre une vue panoramique qui met en valeur le contraste entre la blancheur aveuglante des bâtiments et les tons frais, bleu et vert, de la mer, du ciel et de la végétation balayée par un vent fort. Le centre de la composition est occupé par une imposante mosquée légèrement surélevée, coiffée de deux dômes. Il s'agit sans doute de la mosquée Al-Moghrabi.
  • Fontaine de Seby-el-Bedawieh au Caire, vers 1831-1833, crayon graphite sur papier vélin (insolé), 38,8 x 29 cm, Orléans, musée des Beaux-Arts[18].

Peintures[modifier | modifier le code]

  • s.d. - Vue de Jérusalem , hst, réentoilée, Sbg, dim; 20,2 x 38 cm (vente Deburaux, Barbizon, le , lot n°199, p. 92 du catalogue : "'L'école de Barbizon")

Gravures, lithographies[modifier | modifier le code]

Marilhat produit deux eaux-fortes originales en 1835, Place de l'Eskebieh au Caire et Souvenir de la campagne de Rosette, témoignage de son voyage en Syrie et en Égypte effectué en 1831-1833[19].

Expositions[modifier | modifier le code]

  • Le Salon :
    • 1834 - Ses œuvres à sujets égyptiens, dont La place de l'Esbekieh, suscitent l'enthousiasme de Théophile Gautier[20].
    • 1835 - Paysages d'Auvergne Intérieur d'un village, environs de Thiers - Souvenir de la Campagne de Rosette (Médaille d'or) - voir les lithographies par L. Français et Jules Veyrassat (1828-1893).
    • 1837 - Marilhat expose Paysage pastoral de Grèce ou Scène pastorale dans lequel D. Menu[21] perçoit "l'influence de son ami le peintre Caruel d'Aligny 1798-1871", Vue du tombeau Abou-Mandour, près de Rosette.
    • 1838 - Pont du Gard .
    • 1839 - Nymphes dans une clairière ou Baigneuses , Les Jardins d'Armide , Le Delta .
    • 1840[22], Ruines d'une ancienne mosquée dans la ville des Tombeaux au Caire ou Ruines de la mosquée El-Hakem au Caire, Une caravane arrêtée dans les ruines de Balbek - voir les nombreuses gravures d'interprétations de P.-J. Chalamel, Menut-Alophe, Jules Laurens, Alfred Jorel, Vue d'un quai à Rosette, Vue d'un village près de Thiers.
    • 1841 - Souvenirs des environs de Beyrouth - voir Lithographie de F.W. Marks -, Ruines grecques.
    • 1844 il envoie au Salon "huit diamants... (est) le chant du cygne de Marilhat" (cf. T. Gautier): Vue de la Place de l'Esbekieh au Caire, Café à Boulak[23], La Mosquée Babel-Wase, Tombeaux arabes à Salmiè, Village près de Rosette - voir la lithographie de Jean-Joseph Bellel, la gravure d'Henry Berthoud) -, Souvenir des bords du Nil - lithographie de L. Français -, Arabes syriens en voyage - lithographie de C. Nanteuil, chromolithographie de William Henry Freeman -, Souvenirs des environs de Thiers - gravure de Louis Marvy, lithographie de Laroche). Marilhat obtient une Grande Médaille d'or. Cet envoi de Marilhat au Salon de 1844 influença Fromentin[24].

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Prix, récompenses[modifier | modifier le code]

  • 1835 - Médaille d'or au Salon : Souvenir de la Campagne de Rosette
  • 1844 - Grande Médaille d'or au Salon

Élèves[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Je me rappelle tout jusqu'au "Pli des Grives", jusqu'au cigare fumé tranquillement sur les "Tertres de Bontest », écrit-il dans un courrier adressé de Syrie à sa famille. Cf. transcription de Théophile Gautier dans Revue des deux Mondes du 1er juillet 1848, reprise dans Portraits contemporains, Paris, Charpentier, 1874, 2e édition, p. 250.
  2. Charles Saunier, La peinture au XIXe siècle, Larousse, coll. Anthologie d'art français, tome I, p. 91. Professeur de Charles Blanc, ce dernier le cite avec reconnaissance dans sa Vie des Peintres.
  3. Luc-Charles Cicéri (1782-1868), gendre et élève d'Eugène Isabey.
  4. « Nous sommes sur le point de partir de Toulon... dans deux ou trois jours nous mettrons à la voile pour Navarin », in Lettre du 30 avril 1831 à sa sœur Mme Andrieux.
  5. G. Schurr, « Le Guidargus de la peinture du XIXe siècle à nos jours 1984 », éd. de l'Amateur, 1984, p. 464 en présentant une Mosquée au Caire (hst 75×105 mise en vente le 13 décembre 1983 par l'étude Laurin à Paris). Erreur reprise dans « Les petits maîtres de la peinture », éd. de l'Amateur, 1983, vol. I, p. 33.
  6. Cf.T. Gautier, p. 256 à 258.
  7. Janine Bailly-Herzberg, Dictionnaire de l'estampe en France 1830-1950, Arts et métiers graphiques, 1985, p. 214 & ill.
  8. Lydia Harambourg, Dictionnaire des peintres paysagistes français au XIXe siècle, Neuchâtel, Ides et Calendes, , 360 p. (ISBN 978-2-8258-0014-0), p. 152
  9. "Nous sommes entré dans la petite chambre... un autre tombeau avait le corps du pauvre grand artiste, mais là était enterrée son âme... pas moins de deux ou trois cents toiles" cf. T. Gautier p. 263-265.
  10. Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 241
  11. Un Paysage italien entré au Louvre en 1878 comme étant un Marilhat lui a été réattribué. Cf. L. Harambourg, p. 43.
  12. Bénézit.
  13. Jacques Lugand, Jean Nougaret, « Collections privées d'Auvergne », Musée Mandet, Riom, Catalogue de l'exposition juin - septembre 1970, p. 30 et 104.
  14. « Jeune femme noire vêtue à la turque, Prosper Marilhat, sur Cat'zArts »
  15. Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, Le dessin romantique, de Géricault à Victor Hugo, Carnets d’études 50, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2021, p 141-143, Cat. 30
  16. « Vue de Lattaquié en Syrie, Prosper Marilhat, sur Cat'zArts »
  17. Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, Le dessin romantique, de Géricault à Victor Hugo, Carnets d’études 50, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2021, p 144 - 147, Cat. 31
  18. Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN 9 788836 651320), n°142
  19. « Marilhat Prosper », in: Janine Bailly-Herzberg, Dictionnaire de l'estampe 1830-1950, AMG-Flammarion, 1985, p. 214.
  20. Revue des Deux-Mondes, tome XXIII du 1er juillet 1848, et L'Art moderne, éd. en 1856.
  21. cf. Bibliographie.
  22. une Nécropole du Caire avec la citadelle à l'arrière-plan exposée lors de ce salon (lot 1147) a été vendue par Sotheby's Paris en 2006
  23. Cf. É. Charton, « Un Kan dans la Syrie », in Le Magasin pittoresque, 1844, p. 376
  24. Lynne Thornton, Les Orientalistes, ACR Édition, 1993, 192p., (ISBN 2867700604).
  25. Cf. D. Menu, «Le peintre Prosper Marilhat à Moulins», Cahiers bourbonnais et du Centre, n° 73, 1er trim. 1975, p. 13-16.

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • Théophile Gautier, « Marilhat », dans la Revue des deux mondes, tome 3, Bruxelles : chez Méline, Cans & Ce|ie, 1848, pp. 40–54 [1].
  • Édouard Charton, « Marilhat, paysagiste. Fragments de ses lettres inédites », in "Le Magasin Pittoresque", 1856, p. 347-350, 370-371, 403-404.
  • Hippolyte Gomot, Marilhat et son œuvre, Impr. Mont-Louis, Clermont-Ferrand, 1884, 101p. lire en ligne sur Gallica
  • Marie-Laure Hallopeau, Prosper Marilhat : Peintures, Dessins, Gravures, Catalogue de l'exposition au Musée Bargoin, juin - , 32p., ill., La Source d'Or & Le Centre de Recherches Révolutionnaires et Romantiques, 1973.
  • Serge Trouillet, Prosper Marilhat, Peintre de la ligne et du soleil, in Revue "Un, Deux... Quatre", p. 1-19, ill., no 156, 07/01/1998 au 20/01/1998.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A. Delafoulhouze, « Notice sur Prosper Marilhat, peintre de paysage », Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1862, tome IV, p. 27-49.
  • Roger Bonniot, « Le peintre auvergnat Prosper Marilhat, étude iconographiques », L'Auvergne littéraire p. 3-28, no 191, 4e trim. 1966.
  • Danièle Menu, Prosper Marilhat (1811-1847). Essai de catalogue, Mémoire de maîtrise, Faculté des lettres de Dijon, manuscrit, 1972 (près de 250 œuvres recensées).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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