Régime communiste de Roumanie — Wikipédia

Régime communiste de Roumanie
(ro) Regimul comunist din România

6 mars 1945 – 22 décembre 1989
(44 ans, 9 mois et 16 jours)

Drapeau
Drapeau de la Roumanie communiste à ses débuts (1948).
Blason
Emblème du parti communiste roumain.
Hymne Trăiască Regele (1945-1947).
Zdrobite Cătușe (1947-1953).
Te slăvim, Românie (1953-1975).
E scris pe tricolor Unire (en) (1975 – 1977).
Trei culori (1977-1989).
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation de la Roumanie communiste (en vert) en Europe.
Informations générales
Statut « Démocratie populaire »
État communiste à parti unique
Capitale Bucarest
Langue(s) Roumain
Monnaie Leu roumain
Démographie
Population 19 102 000 habitants (estimations de 1987).
Histoire et événements
12 septembre 1944 Occupation par l'URSS.
30 décembre 1947 Proclamation de la « République populaire roumaine ».
22 avril 1964 Déclaration d'avril : la Roumanie proclame sa « propre voie vers le socialisme » au sein du Bloc de l'Est.
28 juin 1965 Nouvelle constitution : le pays prend le nom de « république socialiste de Roumanie ».
22 décembre 1989 Fuite de Ceaușescu.
Premier secrétaire du Parti
(1er) 1947-1954 Gheorghe Gheorghiu-Dej
1954-1955 Gheorghe Apostol
1955-1965 Gheorghe Gheorghiu-Dej
(Der) 1965-1989 Nicolae Ceaușescu
Président
(1er) 1947-1952 Constantin Ion Parhon
1952-1958 Petru Groza
1958-1961 Ion Gheorghe Maurer
1961-1965 Gheorghe Gheorghiu-Dej
1965-1967 Chivu Stoica
(Der) 1967-1989 Nicolae Ceaușescu
Premier ministre
(1er) 1947-1952 Petru Groza
1952-1955 Gheorghe Gheorghiu-Dej
1955-1961 Chivu Stoica
1961-1974 Ion Gheorghe Maurer
1974-1979 Manea Mănescu
1979-1982 Ilie Verdeț
(Der) 1982-1989 Constantin Dăscălescu

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le régime communiste de Roumanie (en roumain : Regimul comunist din România) est le nom employé en Roumanie pour désigner l'État communiste sous la gouvernance du Parti communiste roumain (du au ). Cette période peut être divisée en trois phases qui correspondent aux trois régimes constitutionnels successifs :

Le régime communiste de Roumanie a été mis en place par le coup d'état du Parti communiste roumain soutenu par l'Armée rouge le  ; la République a été créée le lors de l'abolition du royaume de Roumanie et de l'abdication du roi Michel. Le régime s'effondra à la chute du bloc de l'Est, lorsque le coup d'État de décembre 1989 mit un terme à la dictature communiste et aux fonctions du président Nicolae Ceaușescu, mais la forme d'État républicaine fut conservée.

La statue de Staline à Bucarest est restée en place onze ans (1951-1962). Elle était surnommée Davaï tchas (« file ta montre ») dans l'humour populaire, en référence aux mœurs des soldats de l'Armée rouge durant l'occupation de la Roumanie par l'Union soviétique et à la direction de son bras tendu vers la grande horloge publique située de l'autre côté de la place[1].

Généralités[modifier | modifier le code]

L'ensemble de la période allant du au est désignée sous le nom de « Roumanie communiste »[2] ou, plus rarement, de « Roumanie socialiste »[3]. S'auto-désignant comme une « démocratie populaire », la Roumanie demeura politiquement alignée sur l'URSS jusqu'en 1964, date à laquelle elle prit une posture plus indépendante, tout en continuant de faire partie du bloc de l'Est. Durant cette période le pays connait un régime totalitaire d'inspiration marxiste-léniniste, caractérisé par[4] :

  • sur le plan juridique, la position constitutionnelle de jure du Parti communiste roumain comme « parti unique et organe dirigeant de l’état », interdisant de facto la constitution d’associations, syndicats ou autres structures sociales indépendantes du pouvoir, et imposant un courant de l’autorité et de légitimité » (souveraineté), allant du sommet (le Comité Central) vers la base (les autres structures du parti, les citoyens) ;
  • sur le plan politique la privation des libertés individuelles, en s'appuyant sur un outil policier très développé, sans garde-fou judiciaire. La présence massive d'une police politique secrète infiltrant toute la société : la Securitate dont l’activité s’étendait à la censure, à l’écoute aléatoire et sans contrôle juridique des conversations téléphoniques, à l’ouverture du courrier, au maillage territorial, institutionnel et professionnel systématique du pays par un réseau d’informateurs permanents et payés ou bien occasionnels et menacés, à la pratique courante d’arrestations arbitraires, de tortures en cours d’interrogatoire et d’internement psychiatrique et de déportation des citoyens arrêtés, avec ou sans « jugement », dans les réseaux de camps de travaux forcés de la steppe du Bărăgan ou du canal Danube-Mer Noire. Jusqu’en 1964, la Securitate fut aussi coutumière des exécutions extra-judiciaires ;
  • sur le plan économique, une stricte planification d’état, impliquant non seulement les orientations macro-économiques et le commerce international, mais aussi tous les aspects de la production, de la distribution et de la consommation. Cette logique s’est déclinée au mépris des ressources disponibles, des possibilités techniques, de l’environnement et des besoins de la population, interdisant toute forme d’autogestion et induisant des inégalités entre la bureaucratie du Parti et de l’État qui disposait d’un niveau de vie comparable aux classes moyennes d’Europe occidentale, et le reste de la population aux prises avec une pénurie permanente d’énergie, de denrées, de produits finis et de services (ce qui encourageait le développement d’une économie informelle, mais spéculative) ;
  • sur le plan culturel, un strict contrôle des activités artistiques, littéraires, scientifiques et muséologiques, des médias et des droits des citoyens roumains à l’opinion, à l’expression et à la formation de clubs, associations ou amicales ;
  • une violation permanente de la liberté de circulation, tout déplacement nécessitant des autorisations et divers visas préalables pour changer d’emploi, de domicile, de résidence à l’intérieur du pays, et encore plus pour voyager hors du pays, et surtout dans les pays non-communistes ;
  • enfin une violation du droit de propriété, se manifestant non seulement au niveau des entreprises mais aussi des simples citoyens par la nationalisation généralisée sans compensation des moyens privés de production, et une confiscation systématique des propriétés des citoyens considérés comme « ennemis de l’ordre socialiste » (dușmani ai orânduirii socialiste), soit de par leur activité passée, soit du simple fait de l’origine sociale dite « bourgeoise-latifundiaire » (clasa burghezo-moșierească) de leurs ancêtres. L’État s’est approprié tous ces biens par simples décrets, le plus important étant le décret no 92 de 1950[5], ou même sans décret par voie de coercition, plus de 400 000 immeubles dont plus de 150 000 ont été démolis[6].
Représentation officielle de Nicolae Ceaușescu, dans le style du réalisme socialiste.

Sur le plan idéologique et éthique, ce régime a tourné le dos à l’idéal communiste dont il se réclamait : deux dictons populaires de l’époque de la dictature communiste étaient que PCR signifiait pile, combinații, relații soit « piston, magouilles, relations », et que dans ce régime, toutes les briques de l’édifice sont théoriquement égales, mais pratiquement celles d’en bas doivent supporter le poids de celles d’en haut[7],[8].

Sur le plan étatique et pratique, les crimes de ce régime contre l’humanité[9] ont fait plus de deux millions de victimes officiellement reconnues par l’Institut national de recherche historique sur les crimes du régime communiste créé par la loi no 1.724 du [10], soit environ 11 % de la population du pays pour une moyenne de 122 victimes politiques par jour (mais en fait, bien plus dans les années 1945-1955 et 1979-1989, et bien moins dans les années 1965-1975)[11].

Symboles du régime[modifier | modifier le code]

La régime communiste de Roumanie utilisa successivement quatre drapeaux et armoiries :

Drapeaux et armoiries successifs du régime communiste de Roumanie
Drapeaux Armoiries
Drapeau de la République populaire roumaine (janvier à ).
Blason de la République populaire roumaine (janvier à ).
Drapeau de la République populaire roumaine (mars 1948 - 24 septembre 1952).
Blason de la République populaire roumaine (mars 1948 - 1952).
Drapeau de la République populaire roumaine (24 septembre 1952 - 28 juin 1965).
Blason de la République populaire roumaine (1952 - 28 juin 1965).
Drapeau de la république socialiste de Roumanie (28 juin 1965 - 22 décembre 1989).
Blason de la république socialiste de Roumanie (28 juin 1965 - 22 décembre 1989).

Bilan et mémoire du régime[modifier | modifier le code]

Réseau de prisons et de camps en Roumanie et RSS moldave (1945-1989).
Le « mur des 975 000 victimes arrêtées » du régime communiste en Roumanie, dans le Mémorial de Sighet.
Tag anti-totalitaire sur un mur à Bucarest
Tag dénonçant le monopole de la nomenklatura sur l'économie pendant la transition, sur un mur à Bucarest

Depuis la chute de la dictature communiste en 1989, un grand nombre d’ouvrages historiques est paru et un « Mémorial de la Résistance et des victimes du communisme » a été fondé en 1993 par d’anciens dissidents à Sighetu Marmației[12], dévoilant au grand jour les crimes de ce régime, mais sans susciter d’indignation dans l’opinion du pays et internationale, ni aboutir à une « lustration ».

La « Commission historique d’investigation et d’analyse des crimes du régime communiste »[13] coordonnée par Vladimir Tismăneanu (en) et mise en place en 2005, a rendu ses conclusions en 2007 : elle impute au régime 2 215 000 victimes en 45 ans soit environ 11 % de la population, en tenant compte non seulement des 975 000 victimes directement dues à la répression (exécutions, morts en détention pour motifs politiques) mais aussi de celles dues à la pénurie institutionnalisée, aux disettes provoquées par les réquisitions, au manque d'énergie et donc de chauffage, au manque de sécurité dans le travail, à l'emploi massif des prisonniers pour les travaux dangereux et de grande envergure, et au manque de soins aux plus faibles dû à l'indigence des fournitures médicales et pharmaceutiques[14],[15].

La dictature se réclamant du communisme et autoproclamée « démocratie populaire », qu’a exercée entre le et le le Parti communiste roumain, a été reconnue en 2004 par le Parlement roumain comme « génocidaire », ayant « conçu et mis en œuvre un plan concerté et prémédité d’extermination sous prétexte de lutte des classes et de praxis révolutionnaire »[16]. Avec la grande famine ukrainienne des années 1930[17], c’est le seul cas de reconnaissance juridique officielle d’un crime de masse commis sur critères politiques et sociaux comme « génocide » (même le Goulag, le Laogai ou le génocide cambodgien ne sont pas juridiquement reconnus comme génocides, car la définition internationalement reconnue postule qu’un génocide ne peut avoir été commis qu’exclusivement sur des critères nationaux, ethniques, raciaux ou religieux).

Le rapport de 660 pages de la « Commission historique d'investigation et d'analyse des crimes du régime communiste »[13] commence par une citation de Jules Michelet à propos de la Révolution française et se présente comme un « premier pas vers une analyse historique plus exhaustive de la période communiste » (qui n'a jamais été réalisée). Il a suscité des controverses tant en Roumanie qu’à l’étranger.

Hors-frontières, de nombreux historiens et juristes ont critiqué l’entorse faite par la Roumanie (comme par l’Ukraine) au principe selon lequel seuls des critères nationaux, ethniques, raciaux ou religieux peuvent définir un « génocide », à l’exemple du génocide arménien, de la Shoah ou de la Porajmos. En Roumanie même, les leaders anciennement communistes, devenus nationalistes comme Adrian Păunescu ou Corneliu Vadim Tudor (président du parti d'extrême-droite PRM), ont invectivé à la télévision Vladimir Tismăneanu ou fait siffler dans l’enceinte du parlement le président Traian Băsescu pour avoir approuvé ces travaux.

« J'ai trouvé dans ce rapport les raisons pour lesquelles je peux condamner, au nom de la démocratie, les crimes du régime communiste en Roumanie dont d’anciens dignitaires occupent toujours des positions importantes dans la politique, les affaires et les médias » a déclaré au parlement le président Traian Băsescu (proche des libéraux) sous les sifflets et les huées de l’opposition socialiste et nationaliste.

En , soit 16 ans après la fin du régime communiste, la Fondation pour une société ouverte publie un sondage[18] indiquant que les Roumains considèrent le communisme réel, tel que le pays l'a connu, comme :

  • 12 % : une bonne idée aux conséquences globalement positives ;
  • 41 % : une bonne idée mal appliquée aux conséquences globalement négatives ;
  • 34 % : une mauvaise idée aux mauvaises conséquences ;
  • 13 % : autre chose ou ne sait pas.

En 2017 et 2018, les générations de moins de 30 ans n'ayant pas connu le régime communiste de Roumanie n'admettent plus les pratiques des oligarques descendants et successeurs de la nomenklatura[19], regroupés principalement au sein du PSD dont la coalition avec l'ALD est majoritaire au parlement qui nomme le gouvernement, et manifestent de manière récurrente, avec le soutien de l'opposition démocratique pro-européenne du président Klaus Iohannis dont les pouvoirs sont très limités, contre la gouvernance PSD mêlant populisme, achat des votes dans les campagnes pauvres, corruption (en), limogeage de Laura Codruța Kövesi procureure de la direction nationale anticorruption[20] et nationalisme eurosceptique[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Source : son neveu Radu-Alexandru Tănase sur L'homme qui joua sa vie sur scène [1].
  2. (ro) Comisia Prezidentiala pentru Analiza Dictaturii Comuniste din Romania - (Commission présidentielle pour l'analyse de la dictature communiste en Roumanie) RAPORT FINAL - (coord.) Vladimir Tismaneanu - rapport final en langue roumaine
  3. Adrian Neculau, vie quotidienne en Roumanie sous le communisme, L'Harmattan, 2008
  4. Archie Brown, The Rise and Fall of communism, Vintage Books, 2009, page 105 ; Jean-François Soulet, Histoire comparée des États communistes de 1945 à nos jours, Armand Colin, coll. « U », 1996, pages 11-42 et Alexandre Zinoviev, Le Communisme comme réalité, Julliard, 1981, page 58.

  5. (ro) - Texte du décret disponible sur le site de la Chambre des Députés roumains
    (ro) - Texte intégral du décret comprenant les annexes: plus de 8 800 propriétaires et adresses précisées
  6. Il est difficile de trouver des sources sûres mais il semble que l'ordre de grandeur soit celui-ci : Gheorghe Țară, député et représentant de la « Commission Abus » de la Chambre des Députés, dans son intervention lors du premier Congrès international des propriétaires de Roumanie (Bucarest, les 15-17 septembre 2000), cite des données statistiques de 1994, sans préciser la source exacte (il s’agit, selon G. Țară, de 400 433 immeubles expropriés, dont 154 000 démolis). D'autres évoquent des chiffres encore plus importants. (en) Source: - The Roof over Our Head: Property Restitution in Romania (page 184).
  7. Bancuri din iepoca odiosului (Blagues de l'époque de l'odieux), éd. Orientul Latin, Braşov, 1992
  8. Dana Maria Niculescu-Grasso, Bancuri politice, éd. Fundaţia Culturală Română, Bucarest 1999.
  9. Le « crime contre l’humanité » est une incrimination créée en 1945 dans le statut du Tribunal militaire de Nuremberg, établi par la Charte de Londres du Tribunal militaire international (art. 6, c) pour désigner une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d'un individu ou d'un groupe d'individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux » (cité par Jean-Philippe Feldman, article « Crime contre l'humanité » dans le Dictionnaire de la culture juridique, dir. Denis Alland et Stéphane Rials, éd. PUF, 2003).
  10. Voir sur [2]
  11. Détails sur [3]
  12. Voir [4] et [5] consultés le 1-er août 2011.
  13. a et b (ro) « Comisia prezidențială pentru analiza dictaturii comuniste din România », sur le site de la présidence de la République.
  14. [6]
  15. [7]
  16. (en) Gheorghe Boldur-Latescu, The communist genocide in Romania, (ISBN 978-1-59454-251-0) et Victor Frunză (dir.), (ro) Istoria Partidului Comunist Român, éd. Nord, Aarhus, Danemark, 1984 et (ro) Istoria stalinismului în România, éd. Humanitas, Bucarest 1990, (ISBN 9739120059)
  17. Hélène Despić-Popović, « Kiev reconnaît la grande famine comme génocide », dans Libération du 29 novembre 2006, [lire en ligne].
  18. « Roumanie : le fantôme du communisme lutte jusqu’à la dernière minute »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur roumanie.com, .
  19. (en) « Romania Corruption Report »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur GAN business anti-corruption portal, (consulté le ) et « Corruption Perceptions Index 2017 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Transparency International, (consulté le ).
  20. « Roumanie : le président doit révoquer la procureure anticorruption Laura Codruta Kovesi », sur La Croix, (consulté le ) et « Roumanie : la justice contraint le président à révoquer la procureure anticorruption », sur romandie.com, (consulté le ).
  21. Michael Hein, (en) The Fight Against Government Corruption in Romania: Irreversible Results or Sisyphean Challenge ? juin 2015, sur [8] et tandfonline.com.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Adriana Georgescu, Au commencement était la fin : la dictature rouge à Bucarest, Paris, Hachette, 1951, 2019, 304 p. (ISBN 978-973-50-6341-2).
  • Stéphane Courtois (dir.), Du passé faisons table rase ! Histoire et mémoire du communisme en Europe, Robert Laffont, , 576 p. (ISBN 978-2-221-09500-3).
  • Lucia Hossu-Longin (dir.), Memorialul durerii (Mémorial de la douleur), Bucarest, Humanitas, , 534 p. (ISBN 978-973-50-4237-0).
  • Oana Orlea, Les Années volées – dans le Goulag roumain à seize ans, Paris, Seuil, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]