Vol Lufthansa 592 — Wikipédia

Vol Lufthansa 592
D-AIDM, l'appareil impliqué dans le détournement, ici à l'aéroport de Francfort-sur-le-Main en septembre 2003
D-AIDM, l'appareil impliqué dans le détournement, ici à l'aéroport de Francfort-sur-le-Main en septembre 2003
Caractéristiques de l'accident
Date11 février, 1993
TypeDétournement d'avion
SiteAéroport international John F. Kennedy, New York, USA
Coordonnées 40° 38′ 23″ nord, 73° 46′ 44″ ouest
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilAirbus A310-300
CompagnieLufthansa
No  d'identificationD-AIDM
Lieu d'origineaéroport de Francfort-Rhein/Main, Francfort-sur-le-Main, Allemagne
Lieu de destinationAddis Ababa, Ethiopia
PhaseCroisière
Passagers94
Équipage10
Morts0
Blessés0
Survivants104 (tous)

Géolocalisation sur la carte : États-Unis
(Voir situation sur carte : États-Unis)
Vol Lufthansa 592

Le vol Lufthansa 592 (code AITA : LH592) était un vol passager international régulier reliant Franckfort-sur-le-Main, en Allemagne, et Addis-Abeba, en Éthiopie, qui a été détourné le . L'Airbus A310-300, géré par Lufthansa, a été détourné par Nebiu Demeke, un Éthiopien qui a forcé le pilote à atterrir sur l'aéroport international de New York-John F. Kennedy. L'avion a bien atterri, et le tireur s'est rendu pacifiquement et sans incident. Il a été accusé de piraterie aérienne dans la cour de district des États-Unis, et a été condamné à 20 ans de prison.

Le vol[modifier | modifier le code]

Le vol 592 était un vol international géré par Deutsche Lufthansa AG entre l'aéroport de Francfort-Rhein/Main, Francfort-sur-le-Main, Allemagne, et l'aéroport international de Bole, Addis-Abeba, Éthiopie, avec une escale intermediate à l'aéroport international du Caire, Le Caire, Égypte. L'avion était un Airbus A310-300, registration D-AIDM, qu'avait été en service depuis le . Le vol transportait 94 passagers et 10 membres d'équipage[1].

Pirate de l'air[modifier | modifier le code]

Nebiu Zewolde Demeke est né le en Égypte[2]. Son père, un économiste, était un prisonnier politique en Éthiopie, et la famille Demeke déménagé au Maroc après son arrestation pour échapper aux persécutions. Nebiu Demekea a étudié à l'école américaine de Tanger, au Maroc, où il a été décrit comme « distrait » et « émotif ». Sa sœur aînée, Selamawit, est allé étudier au Gettysburg College (en), en Pennsylvanie[3]. Son frère aîné, Demter, s'inscrit au Macalester College, dans le Minnesota, et son jeune frère, Brook, vivait dans l'Indiana. Bien que Demeke a tenté de rejoindre ses frères et sœurs aux États-Unis, il n'a pas obtenu de visa d'étudiant, ni aucune autre permission d'entrer légalement dans le pays[2].

Six mois avant le détournement, Demeke a déménagé en Allemagne et a demandé l'asile politique. Quand il a retiré sa demande d'asile, le gouvernement allemand lui a acheté un billet sur le vol 592 de retour pour l'Éthiopie[3].

Demeke est entré dans l'aéroport portant un pistolet de départ chargé avec des munitions à blanc. Avant d'atteindre la sécurité, il a placé le pistolet sur sa tête et il l'a couvert avec un Borsalino à « l'Indiana Jones »[4]. Au moment de passer par le détecteur de métaux, il pinça le pistolet au travers du haut du chapeau et a placé les deux sur une table. Il a ensuite récupéré l'arme dissimulée dans son couvre-chef avant de monter dans l'avion[5].

Détournement de l'avion[modifier | modifier le code]

« Il y a un jeune homme à bord que ne veut pas aller au Caire, et il a un pistolet braqué sur ma tête.»

Le pilote Gerhard Goebel, en une annonce aux passagers à bord Vol 592[6].

Approximativement 35 minutes après le décollage, alors que l'avion a atteint l'altitude de croisière dans l'espace aérien autrichien, Demeke est entré dans le cabinet de toilette avant. Il a mis une cagoule noire et a sorti son pistolet. Quittant les toilettes, il est entré dans le poste de pilotage, qui a été déverrouillé[7]. En plaçant le pistolet à la tête du pilote, il a dit, « Si vous ne tournez pas à l'ouest, je vais vous tirer dessus. »[7],[8]

Demeke a exigé que l'avion vole vers New York City et a demandé l'asile politique aux États-Unis[8]. Après avoir appris que l'avion aurait besoin d'être ravitaillé, Demeke accepté de faire une escale de ravitaillement à Hanovre, en Allemagne. L'avion a atterri à l'Aéroport international de Hanovre Langenhagen à environ midi à heure locale, où il a été entouré par des forces de l'ordre. Demeke est resté dans le poste de pilotage avec le pistolet braqué sur la tête du pilote, et a menacé de commencer à tuer un agent de bord toutes les cinq minutes[7]. Les autorités allemandes ont autorisé le décollage de l'avion après que Demeke a menacé de tuer ses otages, tout en promettant de se rendre pacifiquement en arrivant aux États-Unis[6].

Le pilote Gerhard Goebel a su calmer Demeke pendant le vol direct vers New York. Bien que Demeke a gardé le pistolet pointé sur la tête de Goebel durant tout le vol, il a enlevé sa cagoule[7]. Goebel a dit plus tard à la presse qu'il a passé les heures à essayer d'établir une relation avec Demeke, qui a admis d'avoir passé plusieurs mois à planifier le détournement[5]. Les deux hommes se sont mis d'accord sur le fait que, en arrivant à New York, Goebel donnerait à Demeke ses lunettes de soleil en échange du pistolet[4],[5],[6],[8].

L'avion est arrivé à l'aéroport international John F. Kennedy à environ 16 h 00 HAE[7], et a roulé sur une partie éloignée de la piste[9]. Une équipe de négociation d'otage de trois hommes avait été réunie dans la tour de contrôle. Le détective de NYPD Dominick Misino a parlé avec Demeke à la radio, assisté par l'agent spécial du FBI John Flood et le sergent-détective Carmine Spano, de l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey[10]. Après 70 minutes de négociation, Demeke a échangé son pistolet contre les lunettes de soleil du pilote et se s'est rendu pacifiquement aux autorités[9],[10],[11].  Tous les 94 passagers et dix membres d'équipage étaient sains et saufs[6].

Séquelle[modifier | modifier le code]

Nebiu Demeke a été arrêté et accusé de piraterie aérienne, et présenté devant la Cour de District des États-Unis pour le District Est de New York à Brooklyn. Il a été interpellé le .  Le juge Allyne Ross a ordonné sa détention sans possibilité de caution jusqu'à son procès[4],[6]. Demeke restait convaincu qu'il ne passerait pas de temps en prison et qu'il lui serait accordé l'asile[2]. Il a été deux fois jugé inapte à subir son procès, et il lui a été prescrit des médicaments pour la dépression et des hallucinations. Il se représentait au cours de son procès de quatre jours. Il a été reconnu coupable par un jury criminel, après une heure de délibération, et le juge Sterling Johnson, Jr. l'a condamné à vingt ans de prison[12].

L'Allemagne a été sévèrement critiquée par la presse internationale pour les mesures de sécurité laxistes dans l'aéroport de Francfort, qui ont permis à Demeke d'introduire un pistolet à bord, et pour avoir permis à l'avion détourné de repartir après le ravitaillement à Hanovre. L'aéroport de Francfort, le plus fréquenté en Europe à l'époque, avait récemment été critiqué après l'attentat à la bombe du Vol 103 Pan Am au-dessus de Lockerbie, en Écosse en 1988, quand il avait été allégué que les explosifs avaient été chargés à Francfort. Depuis l'attentat de 1988, l'aéroport de Francfort avait effectué de nombreux examens de sécurité et mis en œuvre des procédures de sécurité plus strictes[5],[13].

L'incident était le premier détournement transatlantique depuis que cinq nationalistes croates avaient détourné le vol 355 TWA (en) le . Lors de cet incident, le vol intérieur de New York à Chicago avait été dérouté sur Paris[6].

En 2012, le détournement a été l'objet d'un épisode de l'émission de télévision américaine Hostage: Do or Die (Otage : Fais ou Meurs) dans l'épisode « Le dernier détournement transatlantique ».

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Historique des accidents pour MAD sur Aviation Safety Network
  2. a b et c Joseph W. Queen, « Hijacker tells authority he won't be jailed, will 'be granted asylum' », The Daily Gazette, Schenectady, NY,‎ , p. D-1 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  3. a et b « Hijacker said to be volatile, hoped to join family in U.S. », Reading Eagle, Reading, PA,‎ , p. 2 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  4. a b et c Pete Bowles et Joseph W. Queen, « Hijacking was carefully planned, prosecutor says », The Daily Gazette, Schenectady, NY,‎ , p. D-1 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  5. a b c et d George Boehmer, « Germany vows to uncover Frankfurt airport security lapses », The Daily Gazette, Schenectady, NY,‎ , p. D-1 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  6. a b c d e et f « Trans-Atlantic Hijacker Surrenders at Kennedy Airport », Durant Daily Democrat, Durant, OK,‎ , p. 10 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  7. a b c d et e Federal Aviation Administration, Office of Civil Aviation Security, Criminal Acts Against Civil Aviation, 1993, Washington, D.C., FAA, , 55–56 p., PDF (lire en ligne)
  8. a b et c « 11-hour ordeal in the air ends when hijacker gives up in N.Y. », The Vindicator, Youngstown, OH,‎ , A3 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  9. a et b « A hijack story--by the book; Negotiators' 'schtick' worked perfect in Lufthansa incident », The Journal, Milwaukee, WI,‎ , p. 1 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  10. a et b Larry McShane, « Hostage negotiator recalls tense talks at Kennedy », The Daily Gazette, Schenectady, NY,‎ , p. D1 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  11. « Three men defused hijacking », Morning Star, Wilmington, DE,‎ , p. 8A (lire en ligne [PDF], consulté le )
  12. Lynda Richardson, « Hijacker Sentenced to 20 Years as Judge Rejects Claim That Bias Made His Crime Justified », The New York Times, New York, NY,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Questions raised over skyjacking, security », Prescott Courier, Prescott, AZ,‎ , p. 13A (lire en ligne [PDF], consulté le )