Abri de la Madeleine — Wikipédia

Abri de la Madeleine
L'abri vue intérieure
Localisation
Coordonnées
Pays
France
Département
Commune
Vallée
Vallée de la Vézère
Caractéristiques
Type
Calcaire
Occupation humaine
Patrimonialité
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte d’Occitanie
voir sur la carte d’Occitanie
Localisation sur la carte de Nouvelle-Aquitaine
voir sur la carte de Nouvelle-Aquitaine
Localisation sur la carte d’Aquitaine
voir sur la carte d’Aquitaine
Localisation sur la carte de la Dordogne
voir sur la carte de la Dordogne

L'abri de la Madeleine ou grotte de la Madeleine est un abri sous roche situé dans la commune de Tursac en Dordogne, dans la vallée de la Vézère, qui est principalement connu en tant que gisement archéologique paléolithique.

Il est l'un des quinze « sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère » inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979.

Gisement préhistorique[modifier | modifier le code]

Vue générale du site de la Madeleine.

L'abri sous roche de la Madeleine est le site éponyme du Magdalénien ; il a livré de très nombreux objets d'art mobilier de la fin du Paléolithique supérieur. Les fouilles principales sont menées par Édouard Lartet et Henry Christy (1863-1865)[1], Denis Peyrony (1910-1913, 1926) et les plus récentes par Jean-Marc Bouvier (1968-1988)[2].

En mai 1864, lors d'une excursion privée conduite par Lartet à la demande et en présence des paléontologistes Édouard de Verneuil et Hugh Falconer, sont découverts cinq fragments[Note 1] d'une écaille d'ivoire de défense fossile sur lequel est gravé un mammouth, éléphant éteint depuis quelques milliers d'années. Il « appartient sans conteste à notre mémoire scientifique collective. Depuis 1865, il n’est quasiment pas un ouvrage de vulgarisation ou un traité de préhistoire qui ne mentionne son existence ». Il apporte en effet la confirmation décisive de la théorie de Jacques Boucher de Perthes, la contemporanéité de l'Homme et d'espèces animales disparues « antédiluviennes », et acquiert sa notoriété auprès de grand public lorsqu'il est présenté dans une des vitrines consacrées à la préhistoire lors de l'Exposition universelle de 1867[3].

Il a également livré une sépulture d'enfant âgé de deux à quatre ans, datée de 10 190 ± 100 ans BP (soit 9990-10390 cal BP) et accompagnée d'une très riche parure en coquillage (900 dentales, 160 Neritina, 20 Cyclope et 36 Turritella). Si la datation correspond plutôt à l'Azilien, le mobilier funéraire s’enracine toutefois dans le monde magdalénien.

Classé au titre des monuments historiques par arrêté du [4], il fait partie des quinze « sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère » inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979[5].

Abri de la Madeleine *
Coordonnées 44° 58′ 01″ nord, 1° 02′ 11″ est
Critères (i) (iii)
Superficie 6 560 m2[5]
Numéro
d’identification
085-015
Région Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 1979 (3e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO


Occupation médiévale[modifier | modifier le code]

Le site fut occupé au Moyen Âge. Il reste comme témoignage de ce village troglodyte une église partiellement creusée dans la roche en milieu de falaise et les ruines d'un château qui dominait le site.

Cette occupation remonterait au IXe siècle. Les habitants auraient alors profité des abris naturels creusés dans la roche de la falaise pour construire leurs habitations. Contrairement aux habitations troglodytiques qui sont totalement construites dans la roche, le village de la madeleine était composé d'habitations semi-troglodytiques, c'est-à-dire basées sur le creux naturel de la roche mais complétées également par des constructions.

A l'écart du village, dans le premier abris rocheux, nommé abris de l'Est, se trouve un four banal. Il fut construit au XIIe siècle. Aujourd'hui, les propriétaires du site y font leur propre pain selon la technique médiévale.

Le château de Petit Marzac fut bâti au sommet de la falaise, au-dessus du village troglodytique par les comptes de Sireuil. La datation exacte de ce château est difficile à établir. Les historiens penchent pour une construction en deux temps puisque la présence d'une fenêtre de tir à double croisillon patté, orientée vers le sous-bois en direction de l'actuel parking du site touristique, indiquerait la première moitié du XIVe siècle. Alors que, la faiblesse de la logique défensive des éléments architecturaux de la partie nord, la maçonnerie et l’absence de canonnière plaideraient pour la première moitié du XIe siècle, soit avant la généralisation de l’artillerie. Ce château est composé d'une enceinte, d’environ 35 mètres sur 25 au Sud, le long de la falaise. Elle présente cinq pans au Nord, bordés par un fossé creusé dans le rocher. Au Nord-Ouest s’élève la tour St Martin. Après avoir appartenu à la famille de Sireuil, ce château fut acquis par la famille de Beynac qui le quittèrent à la suite d'un incendie en 1660.

Une autre curiosité du village de la Madeleine est sa chapelle seigneuriale construite à flan de falaise. Elle est dédiée à Sainte Marie-Madeleine et donne son nom au village ainsi qu'au site préhistorique. Elle est composée de deux parties. La première est romane et date du XIe siècle complètement taillée dans la roche avec un sol en gros pavés et un autel orienté à l’est. La deuxième date du XIIe siècle, de style gothique avec des arcs brisés et des voûtes en croisées d’ogives.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'assemblage et le collage imparfaits de ces cinq éclats sont encore aujourd'hui bien visibles.
  2. « Gravé sur une écaille de défense fossile de 24,8 cm de long pour 10,6 cm de large et 1,8 cm d'épaisseur maximale, le mammouth de la Madeleine, quoique massif, présente une attitude remarquablement dynamique, la bête semblant s'élancer vers l'avant. Le degré de précision est très élevé pour la partie avant du corps, la tête haute et courte à la trompe longue et épaisse et les yeux, finement incisés, mais sans pupille ; la lèvre supérieure se laisse même deviner à la base de la trompe. Des lignes parallèles ou croisées permettent de figurer la fourrure de l'animal, particulièrement longue au niveau du menton et du poitrail. Les défenses sont longues et plus fortement spiralées que dans la réalité. Moins achevé, le dessin de l'arrière-train montre un dos voûté, une queue redressée en crosse comme si l'animal était agité, et un triangle entre la base de la queue et le haut de la fesse indique même le clapet anal » à la position relevée. Cf Marc Azéma, Laurent Brasier, Le beau livre de la préhistoire. De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , p. 252.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Jacques Cleyet-Merle, Marie-Hélène Marino-Thiault, « Les premières fouilles de Lartet et Christy et la reconnaissance de l'homme antédiluvien en Périgord », Paléo, no H-S,‎ , p. 19-24 (lire en ligne).
  2. Dominique Grimaud-Herve, Histoire d'Ancêtres, Errance, , p. 122
  3. Patrick Paillet, « Le mammouth de la Madeleine (Tursac, Dordogne). Dans son siècle et aujourd’hui », Paléo, no 22,‎ , p. 223-270 (DOI 10.4000/paleo.2143).
  4. « Gisement préhistorique de la Madeleine », notice no PA00083036, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  5. a et b Cartographie.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Capitan & Peyrony 1928] Louis Capitan et Denis Peyrony, La Madeleine : son gisement, son industrie, ses œuvres d’art, Paris, Librairie Émile Nourry, , 125 p. (présentation en ligne).
  • [Gambier et al. 2000] Dominique Gambier, Hélène Valladas, Nadine Tisnerat-Laborde, Maurice Arnold et Frédérique Besson, « Datation de vestiges humains présumés du Paléolithique supérieur par la méthode du carbone 14 en spectrométrie de masse par accélérateur », Paléo, no 12,‎ , p. 201-212 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Vanhaeren & d’Errico 2001] Marian Vanhaeren et Francisco d'Errico, « La parure de l’enfant de la Madeleine (fouilles Peyrony). Un nouveau regard sur l’enfance au Paléolithique supérieur », Paléo, no 13,‎ , p. 201-240 (lire en ligne [sur paleo.revues.org], consulté le ).
  • Christophe Vigerie, Le Livre de la Madeleine : de cro-magnon à aujourd'hui, 2020, p14-27

Liens externes[modifier | modifier le code]