Élections législatives néerlandaises de 2021 — Wikipédia

Élections législatives néerlandaises de 2021
150 sièges de la Seconde Chambre
(Majorité absolue : 76 sièges)
au
Corps électoral et résultats
Inscrits 13 187 770
Votants 10 462 677
79,34 % en diminution 2,6
Blancs et nuls 39 825
VVD – Mark Rutte
Voix 2 279 130
21,87 %
en augmentation 0,6
Représentants élus 34 en augmentation 1
D66 – Sigrid Kaag
Voix 1 565 861
15,02 %
en augmentation 2,8
Représentants élus 24 en augmentation 5
PVV – Geert Wilders
Voix 1 124 482
10,79 %
en diminution 2,3
Représentants élus 17 en diminution 3
CDA – Wopke Hoekstra
Voix 990 601
9,50 %
en diminution 2,9
Représentants élus 15 en diminution 4
SP – Lilian Marijnissen
Voix 623 371
5,98 %
en diminution 3,2
Représentants élus 9 en diminution 5
PvdA – Lilianne Ploumen
Voix 597 192
5,73 %
en stagnation
Représentants élus 9 en stagnation
GL – Jesse Klaver
Voix 537 308
5,16 %
en diminution 4
Représentants élus 8 en diminution 6
FvD – Thierry Baudet
Voix 523 083
5,02 %
en augmentation 3,2
Représentants élus 8 en augmentation 6
Composition de la Seconde Chambre nouvellement élue
Diagramme
  • VVD : 34 sièges
  • D66 : 24 sièges
  • PVV : 17 sièges
  • CDA : 15 sièges
  • SP : 9 sièges
  • PvdA : 9 sièges
  • GL : 8 sièges
  • FvD : 8 sièges
  • PvdD : 6 sièges
  • CU : 5 sièges
  • VOLT : 3 sièges
  • JA21 : 3 sièges
  • SGP : 3 sièges
  • DENK : 3 sièges
  • 50+ : 1 siège
  • BBB : 1 siège
  • BIJ1 : 1 siège
Premier ministre
Sortant Élu
Mark Rutte
VVD
Mark Rutte
VVD
Législature élue
38e

Les élections législatives néerlandaises de 2021 (en néerlandais : Tweede Kamerverkiezingen 2021) se tiennent du au aux Pays-Bas afin d'élire les 150 représentants de la 38e législature de la Seconde Chambre des États généraux pour un mandat de quatre ans.

Organisées dans le contexte de la pandémie de Covid-19, les élections sont pour la première fois étalées sur une période de trois jours afin de réduire les risques sanitaires, tandis que le vote par correspondance est rendu possible pour les électeurs de 70 ans et plus.

Le scrutin aboutit à une fragmentation record de la Seconde Chambre, un total de 17 partis se partageant ses 150 sièges, soit un nombre qui n'avait pas été atteint depuis 1918. Pour la première fois depuis 1998, une coalition sortante conserve la majorité absolue. Le résultat est une victoire pour le Premier ministre Mark Rutte. Au pouvoir depuis 2010, le chef de file du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) devient la première tête de liste à remporter quatre élections législatives consécutives aux Pays-Bas. Les Démocrates 66 (D66) réalisent le meilleur résultat de leur histoire en atteignant pour la première fois la deuxième place, tandis que le Forum pour la démocratie (FvD) réalise la meilleure performance du scrutin en quadruplant sa présence parlementaire.

Après 271 jours de négociations, qui constituent un nouveau record dans la vie politique néerlandaise, le VVD et les D66 s'accordent le avec l'Appel chrétien-démocrate (CDA) et l'Union chrétienne (CU) sur une reconduite de leur gouvernement de coalition sortant. Le cabinet Rutte IV prend ses fonctions le .

Contexte[modifier | modifier le code]

Les élections législatives de sont suivies de la plus longue période de recherche d'une coalition aux Pays-Bas, soit 208 jours, à la suite de laquelle un accord de coalition entre le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) , l'Appel chrétien-démocrate (CDA), les Démocrates 66 (D66) et l'Union chrétienne (CU) voit le jour, permettant l'annonce de la formation d'un nouveau gouvernement le . Mark Rutte est reconduit au poste de Premier ministre[1].

La perte annoncée de la majorité absolue détenue par le cabinet Rutte III à la Première Chambre des États généraux lors des élections sénatoriales du , notamment en raison de la poussée du Forum pour la démocratie (FvD), fait un temps envisager un scrutin législatif anticipé. Tiraillé par des scandales internes, le FvD finit cependant par s'effondrer dans les sondages courant 2020.

Les élections législatives de 2021 ont par ailleurs lieu quelques jours avant celles organisées à Curaçao, l'un des trois autres États constitutifs du Royaume des Pays-Bas.

Chute du gouvernement[modifier | modifier le code]

Le Premier ministre Mark Rutte démissionne le afin d'éviter le vote d'une probable motion de censure au Parlement à la suite d'un scandale de fausses allégations de fraudes aux allocations familiales. L'affaire révèle que plus de 11 000 familles, accusées à tort de ces fraudes, ont été contraintes à rembourser de manière rétroactive les allocations perçues sur plusieurs années de 2013 à 2019, soit des dizaines de milliers d'euros. Les révélations, portées notamment par le représentant Pieter Omtzigt, touchent directement le gouvernement en place : de hauts fonctionnaires dont certains ministres de Mark Rutte ayant eu connaissance de ces dysfonctionnements mais choisi d’étouffer l'affaire. Le scandale provoque plusieurs démissions, dont celle du ministre des Affaires économiques Eric Wiebes, qui se retire définitivement de la vie politique, tandis que le chef de file du Parti travailliste (PvdA) Lodewijk Asscher, ministre des Affaires sociales et de l'Emploi sous le précédent gouvernement, quitte la tête du parti[2],[3].

Pandémie de Covid-19[modifier | modifier le code]

Un véhicule incendié lors des émeutes de janvier à Rotterdam.

Le gouvernement démissionnaire continue notamment à gérer la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19, dont la « seconde vague » intervient début janvier 2021. Après avoir initialement refusé de restreindre les mouvements de la population, mettant en avant la capacité des citoyens à respecter les règles sans « être traités comme des enfants », le gouvernement finit le 23 janvier par instaurer un couvre-feu de 21 h du soir à h 30 du matin, assorti d'une fermeture des établissements scolaires, bars, restaurants et tout autre magasin déclaré non essentiel. Cette volte-face, qui intervient quelques jours à peine après le scandale ayant mené à la chute du gouvernement, est très mal accueillie par la population. Le pays connaît alors plusieurs jours de violentes manifestations, qui tournent dans plusieurs villes en émeutes, les pires aux Pays-Bas depuis plus de 40 ans[4]. Un centre de dépistage est incendié et un autre visé par une bombe artisanale, causant d'importants dégâts matériels sans faire de victimes. Le gouvernement finit le par assouplir ses mesures restrictives en ré-ouvrant notamment les services de contact ainsi que les établissements scolaires, mais sans effets immédiats sur les manifestations, qui se poursuivent courant mars[5],[6],[7].

Afin de minimiser les risques sanitaires, les élections sont exceptionnellement étalées sur une période de trois jours du 15 au , permettant une plus faible concentration d'électeurs présents simultanément dans les bureaux de vote. Des dérogations au couvre-feu sont mises en place pour les personnes ne pouvant voter que le soir, ainsi que celles participant à l'organisation et au dépouillement du scrutin[8],[9].

Pour être autorisés à voter, les électeurs doivent être équipés d'un masque, qu'ils doivent temporairement retirer devant l'assesseur lors du contrôle d'identité[10]. Les bureaux de vote sont aménagés pour permettre de garder une distance de 1,5 mètre entre les individus[10], tandis que les assesseurs portent des gants jetables[10],[8],[9]. En outre, le vote par correspondance est ouvert sans condition aux électeurs âgés de 70 ans et plus[11].

Système électoral[modifier | modifier le code]

Intérieur de la Seconde Chambre.

La Seconde Chambre (en néerlandais : Tweede Kamer), ou Chambre des représentants, est la chambre basse du parlement bicaméral néerlandais. Elle est composée de 150 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal avec listes ouvertes dans une unique circonscription nationale[12]. Vingt circonscriptions régionales sont utilisées pour correspondre aux listes électorales dressées au niveau régional à des fins statistiques, mais n'entre pas en compte dans le système électoral[12].

Les listes étant ouvertes, les électeurs ont également la possibilité d'exprimer un vote préférentiel pour un candidat sur la liste pour laquelle ils votent. Les sièges obtenus par chaque liste sont par la suite attribués en priorité aux candidats ayant recueilli au moins 25 % des votes de la liste en leurs nom[12]. Après décompte des voix, la répartition des sièges se fait à la proportionnelle selon la méthode d'Hondt, sans seuil électoral prédéfini[12]. La méthode utilisée ainsi que le nombre total de siège conduisent néanmoins de facto à un seuil de 0,67 % des suffrages exprimés à l'échelon national[12].

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Partis ayant remporté des sièges en 2017
Parti Idéologie Chef de file Résultats
en 2017
Cabinet
Rutte III
Parti populaire pour la liberté et la démocratie
Volkspartij voor Vrijheid en Democratie (VVD)
Centre droit
Libéral-conservatisme
Mark Rutte 21,3 % des voix
33 sièges
 Coalition
Parti pour la liberté
Partij voor de Vrijheid (PVV)
Droite à extrême droite
Nationalisme, euroscepticisme
Geert Wilders 13,1  % des voix
20 sièges
 Opposition
Appel chrétien-démocrate
Christen-Democratisch Appèl (CDA)
Centre droit
Démocratie chrétienne
Wopke Hoekstra 12,4 % des voix
19 sièges
 Coalition
Démocrates 66
Democraten 66 (D66)
Centre à centre gauche
Social-libéralisme
Sigrid Kaag 12,2 % des voix
19 sièges
 Coalition
Gauche verte
GroenLinks (GL)
Centre gauche
Écologie politique
Jesse Klaver 9,1 % des voix
14 sièges
 Opposition
Parti socialiste
Socialistische Partij (SP)
Gauche à gauche radicale
Social-démocratie, socialisme démocratique
Lilian Marijnissen 9,1  % des voix
14 sièges
 Opposition
Parti travailliste
Partij van de Arbeid (PvdA)
Centre gauche
Social-démocratie
Lilianne Ploumen 5,7  % des voix
9 sièges
 Opposition
Union chrétienne
ChristenUnie (CU)
Centre droit
Christianisme social, conservatisme social
Gert-Jan Segers 3,4  % des voix
5 sièges
 Coalition
Parti pour les animaux
Partij voor de Dieren (PvdD)
Gauche
Défense des animaux, écologisme
Esther Ouwehand 3,2 % des voix
5 sièges
 Opposition
50 Plus (50+) Centre
Défense des retraités
Liane den Haan (en) 3,1 % des voix
4 sièges
Au cas par cas
Parti politique réformé
Staatkundig Gereformeerde Partij (SGP)
Droite
Droite chrétienne, calvinisme
Kees van der Staaij 2,1 % des voix
3 sièges
Au cas par cas
Denk (DENK) Gauche
Défense des Néerlandais d'origine étrangère
Farid Azarkan 2,1 % des voix
3 sièges
 Opposition
Forum pour la démocratie
Forum voor Democratie (FvD)
Droite à extrême droite
National-conservatisme, euroscepticisme
Thierry Baudet 1,8 % des voix
2 sièges
 Opposition
Principaux partis extraparlementaires
Parti Idéologie Chef de file Résultats
en 2017
Parti pirate
Piratenpartij (PPNL)
Syncrétique
Défense du droit d'auteur
Matthijs Pontier 0,34 % des voix
0 siège
BIJ1 Extrême gauche
Antiracisme, égalitarisme, anticapitalisme
Sylvana Simons 0,27 % des voix
0 siège
Jésus Vit
Jezus Leeft (JL)
Droite
Évangélisme
Florens van der Spek 0,03 % des voix
0 siège
Parti libertarien
Libertaire Partij (LP)
Droite
Libertarianisme de droite
Robert Valentine 0,01 % des voix
0 siège
JA21 Droite à extrême droite
Libéral-conservatisme, opposition à l'immigration
Joost Eerdmans Nouveau
Volt
Volt Nederland (VOLT)
Centre à centre gauche
Fédéralisme européen
Laurens Dassen Nouveau
Mouvement agriculteur–citoyen
BoerBurgerBeweging (BBB)
Centre
Agrarisme, défense des agriculteurs
Caroline van der Plas Nouveau
Code Orange
Code Oranje (CO)
Syncrétique
Démocratie directe
Richard de Mos Nouveau
Nida (NIDA) Centre gauche
Démocratie islamique
Nourdin El Ouali Nouveau
Splinter (S) Centre gauche
Social-libéralisme
Femke Merel van Kooten Nouveau
JONG Centre
Défense de la jeunesse
Jaron Tichelaar Nouveau
Fiers des Pays-Bas
Trots op Nederland (ToN)
Droite
Libéral-conservatisme
Sander van den Raadt Nouveau
Liste Henk Krol
Lijst Henk Krol (LHK)
Centre droit
Défense des retraités
Henk Krol Nouveau
NLBeter (NLB) Centre
Défense des travailleurs de la santé
Esther van Fenema Nouveau
OpRecht (OR) Droite
National-conservatisme
Michael Ruperti Nouveau
Parti pour la République
Partij voor de Republiek (PvdR)
Centre
Républicanisme
Bruno Braakhuis Nouveau
Les Verts
De Groenen (DG)
Centre gauche
Écologie politique
Otto ter Haar Nouveau

Campagne[modifier | modifier le code]

Parti populaire pour la liberté et la démocratie

Après avoir remporté trois campagnes législatives de suite, le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) du Premier ministre Mark Rutte est en passe de terminer en tête une quatrième fois. Dans un contexte de pandémie de Covid-19, le parti veut qu'un gouvernement « fort » se mette à l'œuvre pour « polir activement les franges du capitalisme »[13], marquant un tournant à gauche sur le plan économique par rapport à 2017. Cependant, pour Trouw, « il y a un domaine où les libéraux ne se déplacent catégoriquement pas vers la gauche. La politique d'asile et de migration prônée par le VVD est plus à droite que jamais. Les réfugiés ne devraient plus avoir automatiquement droit au logement social [...]. Le VVD estime également que le cabinet doit être prêt à prendre des « mesures drastiques » en cas de nouvelle crise migratoire, comme la suspension du droit de demander l'asile aux Pays-Bas et la fermeture des frontières néerlandaises »[14].

Démocrates 66

Les Démocrates 66 (D66) sont portés par leur dirigeante Sigrid Kaag après quatre années de coalition, lors desquelles leur manque de dynamisme au sein du gouvernement est souvent pointé du doigt. Leur campagne est basée sur des thèmes sociaux (santé, éducation, logement) avec le slogan « Il est temps pour une nouvelle direction » (Het is tijd voor nieuw leiderschap). Ils se réjouissent des bonnes prestations de leur chef de file lors des débats télévisés[15].

Parti pour la liberté

Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders fait paraître pendant la campagne électorale un document de 51 pages tourné vers le nationalisme. Le parti prône notamment le retrait de l'Union européenne, le retour aux frontières nationales et la fermeture du pays aux migrants issus des pays musulmans. Il milite par ailleurs pour l'interdiction du port du foulard islamique dans les bâtiments publics et du droit de vote des binationaux, ainsi que la suppression de la NPO. La formation estime que « les Pays-Bas sont devenus un pays méconnaissable. Les terroristes de rue immigrés, souvent marocains, terrorisent les Néerlandais partout ». Pour le PVV, l'islam ne doit plus être considéré comme une religion mais comme une « idéologie totalitaire », tandis que les mosquées, les écoles coraniques et le Coran doivent être interdits. Un ministère de l'Immigration, de la Remigration et de la Désislamisation serait établi sous un cabinet Wilders. Sur les questions environnementales, le PVV s'inscrit dans la mouvance climatosceptique. Il milite pour le démantèlement des éoliennes en mer « pour faire de la place au bateau », l'arrêt des parcs solaires qui « nuisent aux paysages », le retrait de l'accord de Paris sur le climat et le rejet du « pacte vert pour l'Europe » d'Ursula von der Leyen. Souhaitant en revanche faire inscrire les droits des animaux domestiques dans la Constitution pour lutter contre leur maltraitance, le parti espère capitaliser sur son opposition au couvre-feu décrété par le cabinet sortant dans le contexte de pandémie[16].

Appel chrétien-démocrate

L'Appel chrétien-démocrate (CDA) de centre droit du ministre des Finances Wopke Hoekstra entend se placer au centre de l'échiquier à la suite des mauvais sondages initiaux des Démocrates 66 (D66) de centre gauche, l'autre parti traditionnellement présent au centre de l'échiquier politique. Sous le mot d'ordre « Prenez soin les uns des autres » (« Zorg voor elkaar ») rappelant le mot « Prenez bien soin de notre ville et les uns des autres. Adieu. » (« Zorg goed voor onze stad en voor elkaar. Vaarwel. ») du bourgmestre d'Amsterdam Eberhard van der Laan dans une lettre ouverte à ses administrés quelques semaines avant sa mort d'un cancer du poumon[17], le parti entend faire du social, de l'éducation et de la santé des priorités, tout en rappelant les « valeurs et traditions » néerlandaises[18].

Sondages[modifier | modifier le code]

Le graphique ci dessous présentent les résultats des sondages néerlandais, qui sont traditionnellement donnés en estimations de sièges par partis, et non de pourcentages.

Dépouillement[modifier | modifier le code]

Au premier jour du scrutin, le lundi , les municipalités découvrent à l'ouverture des enveloppes de vote par correspondance qu'un nombre considérable de bulletins, entre 5 et 10 %, sont stricto sensu invalides en raison d'une violation du secret du vote, attribuée à une mauvaise compréhension des instructions. Ces dernières imposent de placer la carte d'identification de l'électeur et le bulletin de vote en lui-même dans des enveloppes séparées, à l'intérieur d'une plus grande enveloppe. Les enveloppes externes et celles de la carte d'identification sont dans un premier temps ouvertes pour vérifier la validité de la carte, puis les enveloppes avec les bulletins ajoutées dans les urnes, permettant d'assurer le secret du vote. Les enveloppes incriminées contiennent cependant la carte et le bulletin ensemble[19]. Au vu du grand nombre de votes risquant l'invalidation, le Conseil électoral et la ministre des Affaires intérieures et des Relations au sein du Royaume Kajsa Ollongren décident néanmoins d'ajuster les règles du dépouillement. Les enveloppes externes sont ainsi ouvertes pour vérifier la validité de la carte d'identification tandis que le bulletin, non déplié et donc illisible, est tout de même ajouté aux urnes pour garantir le secret du vote[19].

Résultats[modifier | modifier le code]

Nationaux[modifier | modifier le code]

Résultats des élections législatives néerlandaises de 2021[20],[21]
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) 2 279 130 21,87 en augmentation 0,58 34 en augmentation 1
Démocrates 66 (D66) 1 565 861 15,02 en augmentation 2,79 24 en augmentation 5
Parti pour la liberté (PVV) 1 124 482 10,79 en diminution 2,27 17 en diminution 3
Appel chrétien-démocrate (CDA) 990 601 9,50 en diminution 2,88 15 en diminution 4
Parti socialiste (SP) 623 371 5,98 en diminution 3,11 9 en diminution 5
Parti travailliste (PvdA) 597 192 5,73 en augmentation 0,03 9 en stagnation
Gauche verte (GL) 537 308 5,16 en diminution 3,97 8 en diminution 6
Forum pour la démocratie (FvD) 523 083 5,02 en augmentation 3,24 8 en augmentation 6
Parti pour les animaux (PvdD) 399 750 3,84 en augmentation 0,65 6 en augmentation 1
Union chrétienne (CU) 351 275 3,37 en diminution 0,02 5 en stagnation
Volt (VOLT) 252 480 2,42 Nv. 3 en augmentation 3
JA21 246 620 2,37 Nv. 3 en augmentation 3
Parti politique réformé (SGP) 215 249 2,07 en diminution 0,01 3 en stagnation
Denk (DENK) 211 237 2,03 en diminution 0,03 3 en stagnation
50 Plus (50+) 106 702 1,02 en diminution 2,09 1 en diminution 3
Mouvement agriculteur–citoyen (BBB) 104 319 1,00 Nv. 1 en augmentation 1
BIJ1 87 238 0,84 en augmentation 0,57 1 en augmentation 1
Code Orange (CO) 40 731 0,39 Nv. 0 en stagnation
NIDA 33 834 0,32 Nv. 0 en stagnation
Splinter (S) 30 328 0,29 Nv. 0 en stagnation
Parti pirate (Piraten) 22 816 0,22 en diminution 0,12 0 en stagnation
Autres partis[a] 79 245 0,76 0 en stagnation
Suffrages exprimés 10 422 852 99,62
Votes blancs 17 173 0,16
Votes nuls 22 652 0,22
Total 10 462 677 100 150 en stagnation
Abstentions 2 725 093 20,66
Inscrits / participation 13 187 770 79,34

Par provinces[modifier | modifier le code]

Conséquences[modifier | modifier le code]

Parti arrivé en tête par commune

Analyse[modifier | modifier le code]

Les élections voient progresser deux des quatre partis du cabinet Rutte III : le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) gagne un siège, les Démocrates 66 (D66) en gagnent cinq, l'Union chrétienne (CU) reste stable, tandis que l'Appel chrétien-démocrate (CDA) perd quatre sièges[22],[23]. Ainsi, pour la première fois depuis élections de 1998, une coalition sortante conserve une majorité de sièges. Les D66 réalisent le meilleur résultat de leur histoire en atteignant pour la première fois la deuxième place avec 24 sièges. Mark Rutte, Premier ministre depuis 2010 et tête de liste du VVD, devient la première tête de liste à remporter quatre élections législatives de suite. Le Forum pour la démocratie (FvD) réalise la meilleure évolution depuis les élections de 2017, passant de deux à huit sièges et quadruplant ainsi sa présence parlementaire[22],[24].

Par ailleurs, la Seconde Chambre intègre quatre nouveaux partis, JA21, Volt, le Mouvement agriculteur–citoyen et BIJ1, pour un total de dix-sept partis représentés, un record en plus d'un siècle. Il faut alors remonter aux élections de 1918 pour atteindre un nombre aussi élevé de partis[25].

Les trois grands partis de gauche — Parti socialiste (SP), Parti travailliste (PvdA) et Gauche verte (GL) — totalisent moins de 20 % des voix[26]. Selon le politologue Cas Mudde, le déclin constant de la gauche depuis 2006 s'explique principalement par un agenda médiatique dominé par les questions sociétales, en particulier identitaires, au détriment des enjeux économiques et sociaux[27].

Formation du gouvernement[modifier | modifier le code]

Coalitions envisagées Sièges
Représentants Sénateurs
Majorité absolue 76 38
VVD + D66 58 19
VVD + D66 + CDA 73 28
VVD + D66 + CDA + CU 78 32
VVD + D66 + CDA + JA21 76 36
VVD + D66 + CDA + CU + JA21 81 40
VVD + D66 + CDA + SP 82 32
VVD + D66 + PvdA 67 25
VVD + D66 + PvdA + GL 75 33

Au vu des résultats, au moins quatre formations sont nécessaires pour former un gouvernement majoritaire à la Seconde Chambre, Mark Rutte ayant annoncé durant la campagne exclure toute coalition avec le FvD ou le PVV[28].

Dès le lendemain de l'élection, le 18 mars, Mark Rutte se déclare ouvert à la possibilité d'une coalition avec les D66. Le même jour, la chef de groupe parlementaire à la Première Chambre Annemarie Jorritsma (VVD) et la ministre des Affaires intérieures et des Relations au sein du Royaume Kajsa Ollongren (D66) sont nommées « exploratrices » (verkenners) par la présidente de la Seconde Chambre Khadija Arib[29]. Celles-ci doivent soumettre à la Seconde Chambre un rapport sur les possibilités de coalition. Les deux partis ont alors deux voies principales pour former leur coalition : ou bien une alliance avec la CDA et un quatrième partenaire soit de gauche (PvdA, GL ou SP) soit de droite (CU, JA21) afin d'atteindre la majorité, ou bien une coalition dite violette élargie avec les deux autres partis de centre gauche (PvdA et GL). Contrairement à 2017, le VVD ne ferme pas la porte à une alliance avec le SP, bien que les différences avec les partis libéraux et socialistes soient notoires, notamment dans le domaine de la santé.

Parmi les formations mineures, le nouveau parti europhile Volt ne cherche pas à entrer au gouvernement. Les animalistes du PvdD se disent susceptibles d'intégrer une coalition libérale de gauche, tandis que le chef de file du SGP, Kees van der Staaij, qui considère la participation de son parti improbable, se prononce en faveur d'une coalition de centre droit. Mark Rutte annonce le 23 mars vouloir en premier lieu tenter une alliance avec les Démocrates 66, l'Appel chrétien-démocrate et JA21. Ce dernier, issu d'une scission du FvD, compte huit sénateurs et permettrait ainsi de se rapprocher d'une majorité dans les deux chambres du Parlement. Ses positions sont cependant éloignées de celles des Démocrates 66 sur l'Union européenne, l'immigration et l'avortement[30]. En cas d'échec, une reconduction du gouvernement quatripartite actuel (cabinet Rutte III) serait tentée, malgré les divergences entre l'Union chrétienne et les Démocrates 66 sur les questions éthiques, notamment l'avortement et l'euthanasie. Enfin, Rutte envisage un gouvernement avec les partis de gauche (GL et PvdA) en dernier recours.

Le , Jorritsma et Ollongren présentent leur démission en raison de la fuite dans la presse d'éléments confidentiels évoqués lors des discussions avec les chefs de file de partis. Les ministres Tamara van Ark (VVD) et Wouter Koolmees (D66) sont désignés pour leur succéder[31].

Pieter Omtzigt

Cette période de négociation est marquée par une crise parlementaire. Lors de la précédente fuite de documents, Mark Rutte nie en effet catégoriquement l’attribution des postes figurant dans la presse, dont notamment celle de Pieter Omtzigt, affecté selon la fuite à une « position ailleurs » plutôt qu'à un ministère. En jouant un rôle clé dans les révélations sur le scandale de fausses allégations de fraudes aux allocations familiales de janvier, ce dernier s'était révélé particulièrement critique du Premier ministre, conduisant à des soupçons de tentative de mise à l'écart d'Omtzigt de la part de Rutte, qui dément avoir évoqué son affectation[32]. Or, Annemarie Jorritsma et Kajsa Ollongren se voient forcées lors d'un débat parlementaire à la seconde chambre de rendre publics leurs notes, dont le contenu démontre que Rutte avait bien évoqué directement le sujet de l'attribution ou non d'un portefeuille à Omtzigt. Accusé de mensonge, le Premier ministre revient alors sur ses déclarations et soutient s'être « trompé de souvenirs ». Le scandale politique qui s'ensuit amène à l'annulation de la mission de van Ark et Koolmees, ainsi qu'a une motion de défiance déposées par l'opposition, soutenue par l'ensemble des partis hormis le VVD de Rutte. Ce dernier reste néanmoins à son poste en tant que Premier ministre par intérim, la Chambre n'ayant pas désignée de remplaçant[33],[34].

Les négociations sont par la suite confiées le 6 avril à l'ancien président travailliste de la Première Chambre Herman Tjeenk Willink (nl), puis le 12 mai à la présidente travailliste du Conseil économique et social, Mariëtte Hamer (nl), qui supervise des pourparlers entre les partis à partir du 17 août, avant de constater leur échec. Avant de rendre son mandat le 2 septembre, Hamer suggère la formation d'un gouvernement minoritaire composé du VVD, des D66 et du CDA[33].

Le libéral Johan Remkes nommé à son tour informateur le 7 septembre, prend le 28 le contre pieds de sa prédécesseure en annonçant qu'un gouvernement minoritaire n'est pas souhaitable, et que de nouvelles élections doivent être envisagées[33]. La perspective d'un scrutin anticipé amène immédiatement les D66 à revenir publiquement sur leur opposition à des négociations avec la CU, ce qui permet à Remkes de conclure deux jours plus tard son rapport final sur la recommandation d'un renouvellement du gouvernement de coalition sortant[33]. Le 30, les quatre partis composant la coalition sortante annoncent être d'accord pour négocier sa poursuite[35].

Cabinet Rutte IV[modifier | modifier le code]

La Chambre des représentants valide les conclusions de Remkes le avant de reconduire son mandat en lui adjoignant Wouter Koolmes, un économiste membre des D66[33].

Le , un accord de coalition entre les quatre partis du gouvernement sortant est conclu après 271 jours de négociations, un nouveau record dans la vie politique néerlandaise. Gérant les affaires courantes depuis , Mark Rutte est reconduit dans ses fonctions de Premier ministre à la tête de son quatrième cabinet le , devenant l'un des dirigeants les plus durables de l'Union européenne[36],[37].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. 16 partis, moins de 0,20 % chacun.

Références[modifier | modifier le code]

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