Albert Rivaud — Wikipédia

Albert Rivaud, né le à Nice et mort le à Bourges, est un professeur de philosophie et homme politique français. Il fut ministre de l'Éducation nationale dans le premier gouvernement Pétain, du au .

Biographie[modifier | modifier le code]

Études et vie privée[modifier | modifier le code]

Albert Georges Emmanuel Rivaud naît le 14 mai 1876 à Nice[1]. Son pères, Georges Rivaud (né en 1844) a été sous-préfet dans les Pyrénées (Hautes-Pyrénées puis Pyrénées-Orientales), de la Charente, du Calvados, et, enfin, du Rhône. Son grand-père paternel est chef de division à la préfecture de la Vienne[1].

Il suit ses études secondaires dans plusieurs lycées : de celui d'Angoulême, il passe à celui de Caen, de Nantes, et enfin de Lyon. Il obtient une licence de lettres en 1895 à l'université de Lyon, puis une licence de droit en 1896, et une licence de sciences en 1897[1].

Il est reçu premier à l'agrégation de philosophie (1900)[2]. Il obtient ensuite un doctorat ès lettres en 1906[1].

Il se marie avec Gabrielle Solange Barilleau, fille du professeur de droit de l'université de Poitiers, Charles Barilleau. Ils n'ont pas d'enfant[1].

Parcours professoral[modifier | modifier le code]

Il commence sa carrière professorale comme professeur de philosophie au lycée de Laval en 1900. Il postule et obtient un poste de maître de conférences à la faculté de lettres de l'université de Rennes en 1902, puis de l’université de Poitiers en 1907[1]. Il enseigne à l'École de guerre, où Philippe Pétain est l'un de ses étudiants.

Parallèlement à ces années d'enseignement, il signe de nombreuses éditions des philosophes classiques, particulièrement de Platon. En 1927 il succède à Léon Brunschvicg à la chaire de philosophie de la Sorbonne.

Durant l'entre-deux-guerres, il donne des cours à l'École libre des sciences politiques (à partir de 1920)[3], où il prend la suite de Lucien Lévy-Bruhl[4]. Il devient membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1939[1]. Il publie de nombreux articles dans le quotidien Le Journal des débats, dans La Revue des deux mondes, et dans l'hebdomadaire financier Le Capital. Il collabore activement au Cercle Fustel de Coulanges contre l'école publique et son idéologie républicaine. Il y collabore jusqu'à sa mort.

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Il est connu avant-guerre pour ses études sur l'Allemagne, qu'il perçoit très tôt comme un pays instable et menaçant pour la France. Il préconise alors un redressement et l'alliance franco-anglaise pour faire face aux Allemands[5].

Il accepte la charge de ministre de l'Éducation nationale après la défaite de 1940. Il prend son poste le , à la suite de la nomination de Philippe Pétain à la présidence du Conseil par Albert Lebrun. Il évoque une réforme scolaire, qui est la suite de ses prises de position au cercle Fustel de Coulanges[6]. Il est toutefois exclu du gouvernement dès le , à la demande des Nazis[7].

Il est démis de toutes ses fonctions officielles à la Libération fin 1944, mais en 1946, la Haute cour lui accorde un non-lieu et en 1947 le relève de l'indignité nationale « pour avoir accompli des actes de résistance »[8],[9]. Son non-lieu est dû à son rôle dans la formation d'officiers de renseignement dans le but de reconstituer une armée française de libération nationale durant la guerre[1].

En 1944 l'historien et résistant Marc Bloch l'attaque dans un article de la revue clandestine Les Cahiers politiques à propos d'un de ses articles paru en 1943 dans la Revue universelle sur l'enseignement de la philosophie[10].

Il continue à s'exprimer dans La Revue des deux mondes, fief de la droite académique. Il milite pour la libération de Charles Maurras[11] et est membre en 1955-56 du comité du centenaire du maréchal Pétain, mis en place par l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain.

Il meurt le 15 septembre 1956 à Bourges[12],[8].

Écrits[modifier | modifier le code]

  • Les notions d'essence et d'existence dans la philosophie de Spinoza, Éditions Félix Alcan,
  • Le problème du devenir et la notion de la matière dans la philosophie grecque depuis les origines jusqu'à Théophraste., Éditions Félix Alcan,
  • Platon (trad. Albert Rivaud), Timée ; suivi de Critias, vol. no 10, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », , 274 p.
  • Études platoniciennes, J. Gamber, 26 pages, 1928
  • Les Grands courants de la pensée antique, Éditions Armand Colin, (réimpr. 1938, 1953)
  • Les crises allemandes (1919-1931), Éditions Armand Colin, , 218 p., in-12
  • L'obsession de la guerre en Allemagne, S. A. P. E., 62 pages, 1933, Les Cahiers du Redressement Français, 2e série n° 10.
  • L'Éducation et l'idée de patrie. Préface d'Abel Bonnard, Études de H. Carteron, Olivier Pozzo di Borgo, A. Rivaud, H. Boegner, S. Jeanneret, Librairie de l'Arc, 1936.
  • Le relèvement de l'Allemagne, 1918-1938, Éditions Armand Colin, (réimpr. 1940), prix Antoine-Girard de l'Académie française.
  • La France De L'Esprit, Broché – 1943, écrits d'Albert Rivaud, Gustave Thibon, Daniel Halévy, Marcel Arland, Charles Maurras.
  • Histoire de la philosophie, Presses universitaires de France, (réimpr. 1960)
Préfaces
  • Le Maréchal Pétain. L'Éducation nationale : Avec une introduction sur L'esprit d'une éducation nouvelle par M. Albert Rivaud, Avant-propos par Gabriel Louis-Jaray, - 1941
  • Albert Ehm, Éducation et culture : Problèmes actuels. Préface de M. Albert Rivaud – 1942
  • Henry Lémery, De la paix de Briand à la guerre de Hitler, Préface de M. Albert Rivaud – 1949

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Christophe Charle, « 95. Rivaud (Georges, Emmanuel, Albert) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 2,‎ , p. 187–189 (lire en ligne, consulté le )
  2. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr (consulté le ).
  3. Rémy Handourtzel, Vichy et l'école (1940-1944), FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-03412-8, lire en ligne)
  4. Pierre Rain, L'École Libre Des Sciences Politiques, Fondation nationale des sciences politiques, (ISBN 978-2-7246-0033-9, lire en ligne)
  5. Le Journal des débats, 11 mai 1938, Ibid., 10 février 1938, A. Rivaud, "Nouvelle révolution allemande", Ibid. A. Rivaud, 25 février 1938, "L'armée allemande et la politique", Ibid., 23 mars 1938, "Un exposé de M. Albert Rivaud sur la politique extérieure de l'Allemagne", Ibid. 8 juillet 1938, A. Rivaud, "Logique des événements", Ibid., 12 novembre 1938, "Au cercle Fustel de Coulanges", Ibid., 16 février 1939, A. Rivaud, "L'avenir de la révolution allemande", Ibid., 1er avril 1939, A. Rivaud, "La surprise comme méthode politique", Ibid., A. Rivaud, 3 mai 1939, "La diplomatie nouvelle", etc. Comme les maurrassiens, il accuse les "politiciens" français, qu'il ne goûte guère, d'avoir été incapables de prévoir la "renaissance allemande" et d'agir face à la menace venue d'outre-Rhin. Un compte-rendu de son livre, Le relèvement de l'Allemagne, dans une revue de gauche est très sévère pour son livre : Henri Mougin, « Hitler a trouvé un soutien en Sorbonne... et Gobineau une admiratrice Clermont-Ferrand », La Pensée, no 1,‎ , p. 162-164 (lire en ligne). Rivaud est accusé de nazisme, or il dénonce à longueur d'articles le pangermanisme allemand et méprise les nazis, trop plébéiens à son goût (La Revue des deux mondes, A. Rivaud, « L'âme du nazi », mars 1940).
  6. Journal des débats, 7 juillet 1940, "La réforme scolaire". Cf. sa préface très pétainiste en décembre 1940 du n° 2 des Cahiers de politique nationale: citée dans Le Maréchal (revue de l'ADMP, qui rassemble les nostalgiques de Pétain), n° 209, 1er trimestre 2003
  7. D'après Limor Yagil, L'homme nouveau et la révolution nationale de Vichy (1940-1944), Presses du Septentrion, , 382 p. (ISBN 2-85939-516-4), p. 114 ; L'Écho d'Alger, 14 juillet 1940.
  8. a et b D'après la biographie sur le site de l'INRP.
  9. Le Monde, 24 janvier 1947.
  10. Chap. 4 : « Un philosophe de bonne compagnie »: il l'accuse d'être un « bateleur de l'ordre moral », ce qui renvoie effectivement à ses prises de position élitistes au Cercle Fustel de Coulanges et souligne son antisémitisme : il « aurait tort de s'en priver. Cela coûte si peu, et c'est tellement à la mode ».
  11. Le 10 décembre 1949, il est l'un des orateurs à un meeting organisé par Pierre Boutang pour réclamer sa libération, aux côtés d'intellectuels côtoyés au cercle Fustel de Coulanges comme Daniel Halévy ou Henri Massis: cf. Guillaume Gros, Philippe Ariès : un traditionaliste non-conformiste ; de l'Action française à l'École des hautes études en sciences sociales, 1914-1984, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 106.
  12. Des journalistes, « Revue des Deux Mondes juillet-août 2016 : Complot et complotisme », Revue des Deux Mondes,‎ , p. 224 (lire en ligne, consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christophe Charle, Les professeurs de la faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique 1909-1939. – Paris : INRP / CNRS, 1986, 215 p. ; p. 187–189. / Yvert (B.), dir. – Dictionnaire des ministres de 1789 à 1989. – Paris : Perrin, 1990, 1028 p., p. 596. /
  • Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, Paris, Albin Michel, 2001.