Cheval en République centrafricaine — Wikipédia

Cheval en République centrafricaine
Image illustrative de l’article Cheval en République centrafricaine
Le fils de Mohamed es-Senoussi, sultan du Dar el-Kouti, paradant à cheval. Carte postale de la fin du XIXe siècle.

Espèce Cheval
Statut Importé
Races élevées Dongola
Objectifs d'élevage Selle et bât

Le cheval en République centrafricaine est vraisemblablement présent dans ce secteur depuis la période pré-coloniale, amené par les Peuls (Fulani) dans le cadre du commerce avec les populations du Soudan. La cérémonie fastueuse de Jean-Bedel Bokassa, qui importe pour l'occasion huit chevaux blancs du haras du Pin en France, en 1977, a marqué les esprits. L'unique race de chevaux élevée sur le territoire centrafricain est le Dongola.

Histoire[modifier | modifier le code]

Cour traditionnelle avec des cavaliers à Ndélé.

Le cheval provient vraisemblablement du Nord-Est, au Soudan, dans le cadre de commerce régulier dans la région du lac Tchad, puis plus au sud, notamment de la part des Fulani (Peuls)[1]. Il est donc déjà présent durant la période pré-coloniale.

D'après Jean-Louis Gouraud, pour sa cérémonie d'auto-couronnement impérial du , Jean-Bedel Bokassa, fasciné par Napoléon Ier, a fait apporter à Bangui des chevaux blancs depuis la France, pour les atteler à son carrosse[2],[3]. À la fin de la cérémonie, le nouvel empereur a remonté les rues de Bangui à bord de son carrosse de bronze et d'or, tiré péniblement par huit chevaux importés du haras national du Pin, en Normandie, et envoyés par l'Élysée[4]. Deux chevaux meurent lors du trajet, ce qui contraint la famille impériale à parcourir les derniers mètres en limousine[4],[5]. Tous ces chevaux sont ensuite morts en raison du climat[2].

La sous préfecture de Markounda est le théâtre d'affrontements en 2014 entre des bandes de Seleka et d'Anti-balaka, qui se déplacent à cheval et à moto[6]. Il semble que ce soient majoritairement les Seleka qui se déplacent à cheval, et tuent les cultivateurs musulmans à vue[7].

En janvier 2019, des tensions vives éclatent entre les éleveurs peuls et les Anti-balaka à Ndanga : les Anti-balaka ont volé un cheval appartenant à un éleveur Peul handicapé lors d'un assaut, puis, de retour dans leur village, ont tué ce cheval et vendu sa viande aux villageois sur le marché local[8]. Les Peuls ont ensuite envoyé une note aux villageois pour demander la restitution immédiate du cheval ou 1 million de francs CFA en dédommagement à son propriétaire : le vol de ce cheval, don de la communauté Peul à son propriétaire handicapé, est considéré comme un crime[8].

Pratiques[modifier | modifier le code]

Traversée de la rivière Boungou, en Haute-Kotto.

Des sports équestres sont pratiqués[1]. En 1988, le coût annuel pour pratiquer l'équitation en République centrafricaine était d'environ 100 000 francs CFA, auxquels il faut ajouter 20 000 francs CFA pour l'assurance[9]. De même, la pension d'un cheval chez un propriétaire coûtait environ 32 000 francs CFA / mois, et dans un club, 40 000 francs CFA / mois[9].

D'après l'imam de la grande mosquée de Bangui (1978), la viande de cheval n'est pas consommée par les populations musulmanes, en particulier par les Malékites, car le Coran l'interdit[10].

Élevage[modifier | modifier le code]

D'après la base de données DAD-IS, la République centrafricaine compte une seule race spécifique de chevaux élevée sur son territoire[11], le Dongola[1]. La situation de la race Dongola en République centrafricaine est inconnue[1]. Les activités d'élevage sont gérées par la Fédération nationale des éleveurs centrafricains[12].

Le cheptel est régulièrement parasité par des tiques[13]. La lymphangite épizootique du cheval (Histoplasma farciminosum (sv)) est également un frein majeur à l'élevage ; les Mbororo des familles Djafun et Bodaabe disposent d'un vocabulaire spécifique (en fulfuldé) pour désigner cette maladie[14].

Culture[modifier | modifier le code]

Le cheval est cité dans le vocabulaire de la langue banda-linda, que ce soit dans son vocabulaire courant, ou dans les contes traditionnels[15] : il y sert de monture et court pour son maître au risque de tomber d'épuisement[16]. Il est également cité dans la poésie traditionnelle centrafricaine[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « West African Dongola / Central African Republic(Horse) », sur www.fao.org, Domestic Animal Diversity Information System (DAD-IS), Food and Agriculture Organization of the United Nations (consulté le ).
  2. a et b Gouraud 2002, p. 113.
  3. « 4 décembre 1977, le sacre « ubuesque » de Bokassa en Centrafrique », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b Jean-Barthélémy Bokassa et Olivier Keravel, Saga Bokassa, Portes du Soleil-Respublica, , p. 128.
  5. « 4 décembre 1977, Bokassa se couronne empereur », sur Europe 1 (consulté le )
  6. « Le Nord-Ouest centrafricain en proie à la terreur et aux violences - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
  7. « Au Tchad, une immigration centrafricaine assimilée », sur Libération.fr, (consulté le ).
  8. a et b « Centrafrique : vive tension entre les éleveurs peuls et les Anti-Balaka au village Ndanga dans la Lobaye. », sur Corbeau News Centrafrique, (consulté le )
  9. a et b Guide de la vie pratique en Centrafrique 1988-1989, Imprimerie St. Paul - ADFCA, , 134 p., p. 120.
  10. Suzanne Renouf-Stefanik, Animisme et Islam chez les Manza (Centrafrique) : influence de la religion musulmane sur les coutumes traditionnelles manza, Société d'études linguistiques et anthropologiques de France, , 359 p. (ISBN 2-85297-013-9 et 9782852970137, OCLC 5891236, lire en ligne), p. 58 ; 62-63
  11. (en) « Browse by species and country : Central African Republic, Horse », sur fao.org, DAD-IS (consulté le ).
  12. Christian Meyer, Oumarou Abakar, Aimé Landry Dongmo et Eric Vall, « La traction animale dans le nouveau contexte des savanes cotonnières du Tchad, du Cameroun et de la République centrafricaine I. Diffusion de la traction animale et sa place dans les exploitations », Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, vol. 55, no 2,‎ , p. 117–128 (ISSN 1951-6711, DOI 10.19182/remvt.9832, lire en ligne, consulté le )
  13. P. C. Morel et P. Finelle, « Les tiques des animaux domestiques du Centrafrique », Revue d'élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, vol. 14, no 2,‎ , p. 191-197 (lire en ligne)
  14. Hervé Morvan et Joseph Vercruysse, « Vocabulaire des maladies du bétail en langue Fulfuldé chez les Mbororo de l'Empire Centrafricain », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 25, no 2,‎ , p. 111-118. (lire en ligne).
  15. France Cloarec-Heiss, Dynamique et équilibre d'une syntaxe : le banda-linda de Centrafrique, Cambridge University Press, , 568 p. (ISBN 0-521-33068-8, 9780521330688 et 2852971895, OCLC 13456258, lire en ligne), p. 269 ; 400 ; 416.
  16. Pierre Saulnier, Contes et culture centrafricaine, P. Saulnier, , p. 17-18.
  17. Jean-Dominique Pénel, Anthologie de la poésie centrafricaine, Editions l'Harmattan, , p. 140 ; 147 ; 165.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]