Marcel Sembat — Wikipédia

Marcel Sembat
Illustration.
Marcel Sembat par Henri Manuel, vers 1910.
Fonctions
Député français

(28 ans, 10 mois et 21 jours)
Circonscription Seine
Législature VIe à XIIe (IIIe République)
Groupe politique SFIO
Ministre des Travaux publics

(2 ans, 3 mois et 15 jours)
Président Raymond Poincaré
Président du Conseil René Viviani
Aristide Briand
Gouvernement Viviani II
Briand V
Prédécesseur René Renoult
Successeur Édouard Herriot
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bonnières-sur-Seine
Date de décès (à 59 ans)
Lieu de décès Chamonix
Nationalité Française
Parti politique SFIO
Conjoint Georgette Agutte
Diplômé de Faculté de droit de Paris
Profession Avocat

Marcel Sembat, né le à Bonnières-sur-Seine et mort le à Chamonix, est un homme politique socialiste et ministre français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Études et jeunesse[modifier | modifier le code]

Élève au Collège Stanislas, il fut un élève brillant et obtint en 1878 le premier prix de version latine au Concours général. Il se destina à une carrière de droit en devenant avocat. Docteur en droit, avocat auprès de la cour d'appel de Paris, Marcel Sembat fut également journaliste, chroniqueur judiciaire à La République française, le journal de Léon Gambetta.

Engagement politique[modifier | modifier le code]

Marcel Sembat par Pierre Petit.

Cofondateur de La Revue de l'évolution, il adhéra au Comité révolutionnaire central (parti socialiste de tendance blanquiste), qui devint en 1897 le Parti socialiste révolutionnaire, dont il fut un des dirigeants, puis le Parti socialiste de France en 1902 et la SFIO en 1905. Directeur de La Petite République, le journal socialiste animé par Jean Jaurès, il collabora à La Revue socialiste, à La Lanterne, à L'Humanité, journal dans lequel il tint une rubrique de politique étrangère.

Devenu député socialiste de Paris, il est l'une des figures les plus illustres de la SFIO.

En 1893, il fut élu député socialiste indépendant de la Seine, dans la première circonscription du XVIIIe arrondissement de Paris, une banlieue entièrement ouvrière[1]. Il fut constamment réélu jusqu'à son décès. En 1905, il vote la loi de séparation des Églises et de l'État. Après la chute du gouvernement Émile Combes, il défend la transparence des documents administratifs, critiquant le caractère limité de l'article 65 de la loi du concernant la communication des notes des fonctionnaires. Il est aussi l'un des hommes politiques les plus engagés pour les droits des femmes[1].

Auteur d'un pamphlet pacifiste, Faites un roi sinon la paix, il fut néanmoins appelé au gouvernement comme ministre des Travaux publics, dans le gouvernement Viviani, dit gouvernement d'union sacrée, le . Il fut maintenu dans ses fonctions dans le cabinet Briand jusqu'au . Son cabinet était dirigé par Léon Blum et comptait également le poète Gustave Kahn. Au congrès de Tours en , il vota contre l'adhésion à la IIIe Internationale. Il mourut brusquement à Chamonix le 5 septembre 1922 d'une hémorragie cérébrale[2].

Il est enterré au cimetière de Bonnières-sur-Seine dans une tombe qu'il partage avec sa femme Georgette Agutte[3]. Chaque année, pendant l’entre-deux-guerres, était organisé un « pèlerinage » de militants socialistes sur sa sépulture mais la Seconde Guerre mondiale mit fin à cette tradition et Marcel Sembat tomba peu à peu dans l’oubli[4].

Il fut membre de la Ligue des droits de l'homme (LDH)[1].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Marcel Sembat lisant. Tableau de son épouse Georgette Agutte (musée de Grenoble).

Marcel Sembat avait épousé Georgette Agutte, peintre fauve et sculptrice (qui légua au musée de Grenoble une importante collection de peintures de Matisse, Derain, Rouault, Signac, Vlaminck et Van Dongen). Il fut l'ami des peintres Marquet, Signac et Odilon Redon. Les archives privées du couple sont conservées d'une part par l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS), d'autre part par les Archives nationales[5], qui leur ont consacré en 2008 une exposition intitulée Entre Jaurès et Matisse : Marcel Sembat et Georgette Agutte à la croisée des avant-gardes[6].

Franc-maçonnerie[modifier | modifier le code]

Il est initié franc-maçon le dans la loge « La Fidelité » de la Grande Loge de France à Lille, dont il démissionnera en 1909. En , il rejoint le Grand Orient de France et il fonde à Montmartre la loge « La Raison », cette loge est installée par deux personnalités de la franc-maçonnerie, Frédéric Desmons et Arthur Mille[2]. Il est ensuite vice-président du conseil de l'ordre du GODF[7].

Hommages[modifier | modifier le code]

Une station de la ligne 9 du métro parisien à Boulogne-Billancourt porte son nom, de même qu'une station de la ligne 4 du tramway de Lyon. Deux lycées portent son nom, à Sotteville-lès-Rouen et à Vénissieux (Rhône), des écoles primaires (Bourges, Saint-Denis), une clinique à Boulogne-Billancourt non loin de la place et de la station de métro du même nom, ainsi que divers lieux comme une salle des fêtes à Chalon-sur-Saône.

Une rue Marcel et Georgette Sembat existe à Champigny-sur-Marne et un boulevard Agutte-Sembat à Grenoble. Des rues Marcel Sembat existent aussi dans de nombreuses communes françaises (Marseille, Vienne, Villeneuve-Saint-Georges, Saint-Nazaire, Saint-Étienne, Aulnay-sous-Bois, Alfortville, Issy-les-Moulineaux, Le Kremlin-Bicêtre, Vélizy-Villacoublay, L'Haÿ-les-Roses, Lyon, Montrouge, Montreuil, Saint-Ouen, Villetaneuse, Nantes, Vénissieux, Port-la-Nouvelle, Narbonne, Bordeaux, Bègles, Bondy, Le Petit-Quevilly, Villeurbanne, Rive de Gier...).

À Paris, il y a une rue et un square Marcel-Sembat.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Leur Bilan, quatre ans de pouvoir Clemenceau-Briand, Paris, Librairie du Parti socialiste S.F.I.O., 1910
  • Faites un roi, sinon faites la paix, E. Figuière et Cie : Paris, 1911
  • Perdons-nous la Russie ? P., Bernard Grasset (le fait de la semaine, 5e année, n° 9, 22 XII 1917). 1917. 63pp
  • Henri Matisse, collection « Les peintres français nouveaux », no 1, bois de Jules Germain, Paris, Éditions de La Nouvelle Revue française, 1920.
  • La Victoire en déroute, préface de Léon Blum, Paris : Éditions du Progrès civique, 1925 - traduction anglaise :
    • Defeated Victory. Tanslated by Flory Henri-Turot. Preface by Arthur Ponsonby, M.P. London, the Labour Publishing Company. 1925
  • Les Cahiers noirs : journal 1905-1922, d'après les manuscrits originaux conservés à l'Office universitaire de recherche socialiste, texte établi, présenté et annoté par Christian Phéline, postface de Denis Lefebvre, V. Hamy, impr., Paris : 2007

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Histoire : « Marcel Sembat était certainement le deuxième homme politique le plus important du Parti socialiste après Jean Jaurès » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  2. a et b Jean Louis Validire, « Marcel Sembat, parangon de l'humanisme, franc-maçon et socialiste », La Chaîne d'union, Conform édition, no 80,‎ , p. 10.
  3. « BONNIÈRES-SUR-SEINE (78) : cimetière - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
  4. Pierre Chancerel, (Re-)Découvrir Marcel Sembat, nonfiction.fr, 17 octobre 2007.
  5. Description du fonds conservé aux Archives nationales sous la cote 637AP
  6. Cf. Bibliographie.
  7. Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, PUF, , 1359 p. (ISBN 2-13-048639-8), p. 1129.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Denis Lefebvre, Marcel Sembat : socialiste et franc-maçon, Paris : Éditions Bruno Leprince, 1995, 186 p.
  • Denis Lefebvre, Marcel Sembat. Le socialisme maçonnique d'avant 1914, Éditions maçonniques de France, 2001
  • Denis Lefebvre, Marcel Sembat, Franc-maçonnerie, art et socialisme à la Belle Époque, Dervy, 2017, 330 p.
  • Marcel Sembat. Textes choisis édition établie par Denis Lefebvre, Éditions maçonniques de France, 2003
  • Matisse-Sembat : correspondance - une amitié artistique et politique 1904-1922", édition établie par Christian Phéline et Marc Barety, La Bibliothèque des Arts, Lausanne, 2004
  • Marcel Sembat et Georgette Agutte à la croisée des avant-gardes, Archives nationales, Éditions Somogy, Paris, 2008
  • « Marcel Sembat », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]