Émile Hincker — Wikipédia

Émile Hincker
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Service historique de la Défense - site de Vincennes (d) (GR 16 P 293830)Voir et modifier les données sur Wikidata

Émile Hincker, né le à Strasbourg et mort le dans cette même ville, est un médecin et résistant français pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est connu pour être un des fondateurs du Front de la jeunesse alsacienne un groupe de résistants en Alsace annexée de fait.

Biographie[modifier | modifier le code]

Émile Germain Hincker est le fils d'un géomètre et d'une secrétaire. Il est élevé à Schiltigheim et scolarisé au collège épiscopal Saint-Étienne. Il commence sa formation de médecin à l'université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand[1].

Le , il est mobilisé à la 18e section d'infirmiers militaires à Bordeaux où il est démobilisé le puis est affecté au Chantier de la jeunesse française à Rochefort Montagne[1].

Il revient à Strasbourg pour reprendre ses études, mais l'université de la ville est restée à Clermont-Ferrand et les autorités du Troisième Reich obligent les étudiants à aller dans les universités allemandes de Fribourg-en-Brisgau, Tubingen ou Heidelberg, pour pouvoir continuer leurs études[1].

Dans la Résistance[modifier | modifier le code]

À son retour, il retrouve ses amis d'enfance Alphonse Adam et Robert Kieffer, tous deux étudiants.

En , Émile Hincker rejoint Robert Kieffer à l'université d'Heidelberg et y passe sa deuxième année de médecine. Il a aussi pour mission d'analyser le moral de la centaine d'étudiants alsaciens qui y étudient et identifier ceux qui représentent un danger. Il constate que depuis l'annexion de fait de l'Alsace, un important mouvement de résistance prend naissance parmi les étudiants catholiques de l'université[1],[2],[3],[4].

En , il adhère au réseau Hector et en juin, il participe avec ses amis Alphonse Adam et Robert Kieffer à la création de l'organisation clandestine Front de la Jeunesse alsacienne (FJA) qui se fixe comme but de s'opposer à la germanisation et à la nazification de l'Alsace annexée de fait[1],[2],[5].

L'action du groupe démarre vraiment avec la création de la « Reichuniversität Strassburg », gérée par le parti national-socialiste, le 23 novembre 1941[6]. Il aide, dans un premier temps, les prisonniers de guerre (PG) français et alliés évadés, les jeunes alsaciens voulant échapper à l'incorporation de force dans le Reichsarbeitsdienst (RAD) et dans la Wehrmacht. Il distribue, entre autres, des tracts appelants à la Résistance[1],[3].

Début 1943, à la suite d'une dénonciation, le FJA est démantelé par les Allemands. Le , Émile Hincker est arrêté dans l'amphithéâtre de la clinique médicale B de l'hôpital civil de Strasbourg. Il est conduit au siège de la Gestapo de Strasbourg, rue Sellenick, où il est interrogé pendant deux jours par les inspecteurs Stasik et Koeberle. Le , il est transféré au camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck où il est mis à l'isolement et subit des interrogatoires musclés. Le , il est interné à la prison de Bühl où les interrogatoires continuent[1].

Le , les membres du FJA sont conduits à la prison, rue du fil à Strasbourg en vue de leur comparution, le 6, devant le Volksgerichshof présidé par Roland Freisler[1].

Aux yeux des nazis, les Alsaciens étant des Allemands, la haute trahison est retenue par le tribunal, qui prononce, le 8 juillet 1943, 6 condamnations à mort et 18 condamnations de trois à dix ans de détention. À la suite de manifestations patriotiques à Strasbourg, par représailles, les condamnés à mort (dont Alphonse Adam et Robert Kieffer) sont exécutés le [1],[3].

Émile Hincker est condamné à une peine de six années de travaux forcés. Le , il est déporté à la prison centrale de Ludwigsburg puis le à la forteresse d'Hohenasperg à Asperg[1],[7].

Dans ce centre pénitencier, Émile Hincker est chargé de soigner, sous la surveillance d'un médecin-chef allemand lui-même condamné à une lourde peine avant la guerre, les déportés tuberculeux. Mais, manquant de moyens, il ne peut rien faire pour certains d'entre eux[1].

Apprenant par des gardiens l'arrivée des Alliés, il organise la libération de la forteresse. Il fait fabriquer et hisser un drapeau français qui attire l'attention des soldats du 152e régiment d'infanterie. La forteresse est libérée le , mais il reste pour organiser le rapatriement des malades de son service[1].

Le , il est démobilisé après un congé de maladie pour se remettre de ses séquelles de sa déportation[1].

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Émile Hincker reprend et termine ses études de médecine et occupe un poste de médecin du travail dans les entreprises Japy à Montbéliard. En 1951, il revient à Strasbourg et où il occupe la même fonction jusqu'à sa retraite aux Tanneries de France - Coope et Grands Moulins[1].

Jusq'à son décès, il reste très actif dans le milieu des anciens combattants qui le surnomment le « Toubib ».

Distinctions[modifier | modifier le code]

Il est reconnu « Déporté Résistant ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m et n Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance, Département AERI, coll. « Histoire en mémoire 1939-1945 », (ISBN 978-2-915742-32-9)
  2. a et b Bertrand Merle, 50 mots pour comprendre la résistance alsacienne: 1939-1945, Signe, (ISBN 978-2-7468-4334-9), p. 61
  3. a b et c Béné, Charles., L'Alsace dans les griffes nazies ..., Fetzer, 52, rue Jules-Ferry, 1971-<[1988]> (OCLC 610465453, lire en ligne)
  4. « Le Front de la jeunesse alsacienne : FJA » [PDF], sur www.memorial-alsace-moselle.com, Le Courrier du Mémorial : bulletin de liaison des Amis du Mémorial Alsace-Moselle, (consulté le )
  5. « Titres, homologations et services pour faits de résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  6. Reichsuniversität Strassburg n'a rien en commun avec l'université de Strasbourg qui s'est réfugiée lors de l'évacuation de la ville à Clermont-Ferrand.
  7. Manuel Maris, « Les arrivées de mars 1943 (II.12) », sur Fondation pour la mémoire de la déportation, (consulté le )
  8. « Base des médaillés de la résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Le front de la jeunesse alsacienne », dans Charles Béné, L'Alsace dans les griffres nazies : Les communistes alsaciens, la jeunesse alsacienne dans la résistance française., Fetzer, (ISBN 9782402227605). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Mireille Hincker et Jacqueline Pfohl, Association pour l'étude de la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Le Front de la Jeunesse d'Alsace (FJA) », dans Eric Le Normand, La Résistance des Alsaciens, Paris, Fondation de la Résistance, Département AERI, (ISBN 9782915742329, BNF 45050358)
  • Mireille Hincker et Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Emile Hincker », dans Eric Le Normand, La Résistance des Alsaciens, Paris, Fondation de la Résistance, Département AERI, (ISBN 9782915742329, BNF 45050358). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • « Le front de la jeunesse alsacienne », dans Charles Béné, L'Alsace dans les griffres nazies : Les communistes alsaciens, la jeunesse alsacienne dans la résistance française., Fetzer, (ISBN 9782402227605)
  • Micheline Adam et Léon Kieffer, Vivre l'Alsace, t. 2, Austerlitz, , 280 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]