Albert Zimmer — Wikipédia

Albert Zimmer
Naissance
La Wantzenau
Décès (à 22 ans)
Strasbourg
Mort au combat
Origine Drapeau de la France
Allégeance Drapeau de la France libre
Arme Cavalerie
Unité Groupe Autonome des Chasseurs d'Afrique (GACA)
12e régiment de chasseurs d'Afrique
12e régiment de cuirassiers
Grade Maréchal-des-logis-chef
Années de service 1941
Commandement M4A3 Sherman « Cherbourg »
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Lors de la libération de Strasbourg, il est tué sur le coup par un tir antichar à quelques mètre du pont du Kehl et de la frontière allemande qu'il est le premier à atteindre.
Distinctions Croix de guerre 1939-1945, palme de bronze Croix de guerre 1939-1945, palme de bronze (8 février 1945)
Hommages Un monument au pont de Kehl
Une rue porte son nom à La Wantzenau

Jean Eugène Albert Zimmer, né le à La Wantzenau, est un résistant alsacien et un combattant de la 2e DB mort le (à 22 ans) en participant à la libération de Strasbourg.

Chef de char du M4A3 Sherman « Cherbourg », il est tué sur le coup par un tir antichar à quelques mètres du pont de Kehl et de la frontière allemande qu'il est le premier à atteindre. Il meurt à quelques kilomètres de chez lui sans revoir sa famille qu'il a quittée en juillet 1941 en s'évadant d'Alsace annexée[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Albert Zimmer est le fil d'Émile Joseph Zimmer et de Marie-Georgette Hirsch qui se sont mariés le [2]. Ils sont restaurateurs à La Wantzenau, au nord de Strasbourg[3].

Il fréquente l'école primaire de La Wantzenau, puis le collège Saint-Pierre-Fourrier à Lunéville où il est un excellent élève. A 14 ans, il commence un cursus à l'école hôtelière de Strasbourg, puis dans diverses institutions à travers la France (stage à Vittel, Villers-sur-Mer, Bagnoles-de-l'Orne)[1]. Pour le 1er septembre 1939, il est engagé au Ritz mais l'entrée en guerre de la France vient contrarier ses projets[4].

Le début de la Seconde Guerre mondiale voit l'application d'un plan d’évacuation des populations civiles de la « zone rouge » de la ligne Maginot. La famille Zimmer est évacuée et s'installe à Dreux où Albert la rejoint. Il tente de s'engager à Chartres mais il est trop jeune[4].

Dès juillet 1940, les Alsaciens sont encouragés à rentrer par les nazis. L'Alsace-Moselle est annexée de facto au Troisième Reich le 27 novembre 1940. L'Alsace, rebaptisée « CdZ-Gebiet Elsass », est intégrée au territoire allemand du pays de Bade. La famille Zimmer revient à La Wantzenau qui est maintenant de fait en Allemagne.

Résistance et évasion[modifier | modifier le code]

Refusant le régime nazi et l'annexion de l'Alsace, Albert Zimmer adhère au groupe de résistants strasbourgeois « Meteor  » en mars 1941[5]. Après avoir chanté la Marseillaise, avec des amis, dans les rues de Strasbourg et s'être battu avec un groupe de la Jeunesse hitlérienne alsacienne, il décide de s'évader et de rejoindre la zone libre[5]. Le 14 juillet 1941, il quitte sa famille et passe les Vosges avec l'aide d'une filière utilisant le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines dans lequel circulent encore des trains pour Saint-Dié-des-Vosges. De là, il rejoint Nancy. Il franchit la ligne de démarcation caché dans un wagon de charbon et arrive à Lyon le 23 juillet 1941[1],[4].

L'engagement[modifier | modifier le code]

Insigne du 12e RCA
Insigne 12e Régiment de chasseurs d'Afrique.

Il rejoint Marseille et s'engage dans l'armée d'armistice. Il souhaite rejoindre une unité en Afrique du Nord (AFN). Le 20 août 1941 il embarque pour Alger et rejoint son affectation au 12e Groupe Autonome des Chasseurs d'Afrique (GACA) à Thiès au Sénégal en Afrique-Occidentale française (AOF). Il y fait la connaissance du capitaine Marc Rouvillois dont il devient le secrétaire[4].

Le 8 novembre 1942, les alliés débarquent en Afrique du Nord, c'est l'opération Torch. Le 12e GACA est transféré à Alger le 7 février 1943 où il devient le 12e régiment de chasseurs d'Afrique (12e RCA). Il est équipé par l'armée américaine avec du matériel moderne. A Alger, Albert Zimmer suit de nombreux stages de spécialisation. Il est inscrit au cours d'élèves sous-officiers et en sort major en juillet 1943. Il est nommé maréchal-des-logis[1].

En septembre de la même année le 12e RCA se dédouble pour reconstituer le 12e régiment de cuirassiers (12e RC). Albert Zimmer y est affecté comme sous-officier de liaison à l'état-major. Son régiment fait partie de la 2e division blindée (2e DB) qui se reforme près de Rabat dans la forêt de Temara[4]. La division s'embarque le 11 avril 1944 à Casablanca et Mers el-Kébir pour le Royaume-Uni et débarque à Swansea après onze jours de traversée[6].

Insigne 12e RC
Insigne du 12e Régiment de cuirassier.

Avec le 12e RC, Albert Zimmer s'entraine et termine son instruction au camp de West Lutton (Angleterre)[4]. Pendant ce séjour il obtient du commandant Rouvillois le poste de tireur sur le char moyen Sherman « Sarreguemines » dans le peloton du lieutenant Besnier[4].

Retour en France[modifier | modifier le code]

Le 2 août 1944, son unité débarque en France et dès le 9 août engage ses premiers combats. Albert Zimmer reçoit son baptême du feu le 10 août en détruisant un canon allemand placé en embuscade[4]. Il participe le 12 août à la libération d'Alençon puis le 25 août à celle de Paris[1].

Le 8 septembre 1944, il devient tireur du char « Saint-Denis II » le propre char du lieutenant Besnier qu'il remplace quand il est absent[4]. Le 31 octobre 1944, après la prise de Baccarat son unité est mise au repos pendant quinze jours à l'arrière du front. Depuis le début des combats, Albert Zimmer s'est distingué à plusieurs reprises. Le 20 août 1944 il reçoit une citation à l'ordre du régiment[7].

« Tireur à bord du Sarreguemines, a permis, par la précision de son tir et son intelligence, à rétablir la situation gravement compromise par une embuscade ennemie à Chérance le 10 août 1944. A mis hors de combat un 88 ennemi. »

Avant le départ pour la libération de l'Alsace, il est nommé chef de char du « Cherbourg », un Sherman M4A3, de l'escadron d'état-major du 12e RC, équipé d'un obusier de 105 mm[8]. Le 22 novembre 1944, il est avec le sous groupement Rouvillois à Dettwiller base de départ de son unité pour la « charge vers Strasbourg » du lendemain. Albert Zimmer fête, avec son équipage, leur première journée en Alsace[4].

Mort au combat[modifier | modifier le code]

Le 23 novembre 1944, le lieutenant-colonel Rouvillois (nommé le 11 novembre 1944), s'appuie sur les conseils judicieux du FFI strasbourgeois Robert Fleig et évite les barrages ennemis. Le sous groupement progresse par Mommenheim et Brumath jusqu'à Strasbourg[1]. Dans la ville, toujours guidé par Robert Fleig dans la jeep en tête de la colonne, le sous-groupement se dirige vers le pont de Kehl, son objectif principal. Pris intact, il permettrait d'établir une tête de pont en Allemagne.

Sur l'ile entre le canal et le petit Rhin, les chars se ravitaillent en essence et en munitions. Albert Zimmer en profite pour essayer de téléphoner à ses parents du bar situé près du pont du canal[9]. Il ne les a plus revus depuis 1941 et ils habitent La Wantzenau à quelques kilomètres au nord de Strasbourg.

A 100 m du pont de Kehl, le « Cherbourg » arrête en deux coups de canon un train rentrant en Allemagne[4]. Puis, il prend la tête de la colonne suivie de la jeep du lieutenant Le Quellec et Robert Fleig. La résistance allemande s'intensifie à mesure qu'ils se rapprochent du pont et le « Cherbourg » est atteint de plein fouet par un tir antichar provenant d'une école[9]. Il est immobilisé et prend feu. Le maréchal des logis-chef Albert Zimmer est tué sur le coup à quelques kilomètres de chez lui sans revoir sa famille[10].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Il est reconnu « Mort pour la France »[11].

« Chef de char d'une bravoure maintes fois éprouvée. Après s'être distingué au cours des combats de la campagne d'Alsace et de la prise de Strasbourg, a été volontaire pour exécuter une patrouille audacieuse vers le pont de Kehl. A été mortellement frappé dans son char alors qu'il atteignait les bords du Rhin. »

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

  • Le , une plaque commémorant l'exploit du maréchal-des-logis Albert Zimmer qui le premier atteignit le Rhin à Strasbourg est inauguré face au pont de Kehl.

« Ici est mort pour la France le 23 novembre 1944 le Maréchal des logis chef Albert ZIMMER, enfant de La Wantzenau. Parti pour rejoindre les français libres. Revenu vainqueur en Alsace française avec ses héroïques compagnons d’armes. Tombé glorieusement le jour même de la libération de Strasbourg par la division Leclerc. »

  • Dans le quartier du Port du Rhin, le char Sherman « Cherbourg » de la 2e DB rappelle les violents combats pour la prise du pont de Kehl. Il rend hommage au maréchal des logis chef Albert Zimmer. Son char d'origine avec un canon de 105 mm trop endommagé n'a pas été utilisé. C'est un char Sherman avec un canon de 75 mm plus courant qui est exposé.
  • Une rue porte son nom à La Wantzenau[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (ill. Christophe Clavel), La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 959964698, lire en ligne)
  2. « Albert ZIMMER : Sa généalogie », sur www.geneastar.org (consulté le )
  3. En 2020, le Restaurant Zimmer existe toujours à La Wantzenau.
  4. a b c d e f g h i j et k Lambert, Lieutenant., Héros d'Alsace., Librairie Istra, (1946) (OCLC 459375164, lire en ligne)
  5. a et b Charles Béné, L'Alsace dans les griffes nazies : Les communistes alsaciens, la jeunesse alsacienne dans la Résistance française, Fetzer, (ISBN 9782402227605)
  6. Mesquida, Evelyn. et Impr. CPI Bussière), La Nueve, 24 août 1944 : ces républicains espagnols qui ont libéré Paris, Cherche midi, dl 2011 (ISBN 978-2-7491-2046-1 et 2-7491-2046-2, OCLC 762872798, lire en ligne), p. 135-137
  7. a et b Régie des œuvres du Musée de la Libération de Paris– musée du général Leclerc – musée Jean Moulin, Livre d'Or de la 2e DB
  8. « Libération : Le Sherman "Cherbourg" », sur www.materielsterrestres39-45.fr (consulté le )
  9. a et b Antoine MISNER, « CHERBOURG 12CUIR », Témoignage de Jacques Bouillot Chef de char du SARREGUEMINES, sur Chars Français (consulté le )
  10. Le Marec, Bernard., L'Alsace dans la guerre, 1939-1945 : la tentative de réannexion, Alsatia, [2000] (ISBN 2-7032-0211-3 et 978-2-7032-0211-0, OCLC 49177753, lire en ligne), p. 174
  11. « Base des militaires décédés pendant la Seconde Guerre mondiale - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  12. Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace, Georges Foessel, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, t. 41, Gresswiller, Imprimerie Girold, , « Zimmer Jean Eugène Albert »
  13. « Musée de la résistance en ligne », sur museedelaresistanceenligne.org (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]