Français populaire burkinabè — Wikipédia

Français populaire burkinabè
Pays Burkina Faso
Classification par famille
Codes de langue
Linguasphere 51-AAA-i

Selon André Magord et Rodrigue Landry, « Depuis quelques années, dans les villes principales telles que Ouagadougou, Bobo et Banfora, la langue française s'étend à d'autres situations de communication que celles juste décrites. Devant la dimension de plus en plus multilingue de ces villes, le français s'impose de façon croissante comme lingua franca chez les commerçants et lors des échanges liés à tous les petits métiers qui se multiplient dans ces grandes villes[1]. La langue française parlée n'est plus alors le français standard mais un français qui, sans la base de l'écrit, se transforme, se réinvente pour une part[2]. Cette expansion du français est relayée par l'affichage publicitaire très présent dans les villes et qui propose des slogans en français. Ces slogans deviennent vite populaires dans une société burkinabè à forte tradition orale. » [3] Cette variété de français endogène qui résulte d'une hybridation linguistique[4] est un pidgin en voie de créolisation[5].

Ainsi comme dans le pays voisin la Côte d'Ivoire est apparu un français populaire au Burkina Faso[6]. Dans ce français appelé parfois « français de Ouaga » et qui reste essentiellement une langue orale[7], s'est créé un certain nombre d'interférences entre le français standard et le français populaire du Burkina du fait de l'influence des langues africaines dans la pratique locale du français[8]

Exemples de différences linguistiques
Français burkinabè Signification
C'est comment? Comment ça va?
On dit quoi ? Quoi de neuf ?
Ça fait deux jours Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu (même après deux semaines ou un mois)
Tu vois ça ? Tu comprends ?
Une mèche Une cigarette
En tout cas... Oui, ce que tu viens de dire est vrai et il n'y a rien d'autre à ajouter tellement c'est vrai
Dolo La bière de mil
Ça c'est deux cents deux cents Ça c'est deux cents francs chacun
Un jeton Une pièce de monnaie de valeur anonyme.
Ça donne / ça donne pas Ça fonctionne / ça ne fonctionne pas
C'est gâté Ça ne marche plus, c'est en panne, c'est cassé
Mordre le carreau Mordre la poussière
Becqueter Crier dessus, injurier
Passer son temps à planer Rôder dans les rues à mobylette
Ou bien ? N'est-ce pas?
Ça va un peu Ça va, mais je n'ai pas d'argent
Une sucrerie Un soda (Coca-Cola, Fanta)
Un poulet-bicyclette Une cuisse de poulet
Une pochette Un mouchoir
Hier nuit La nuit dernière
Ça ne me dit rien Ça m'est égal
Y a la place Assied toi
Un bâton Une cigarette
C'est caillou C'est difficile
Laver une pellicule Faire développer un film
Javer/ s'ambiancer Faire la fête
Un cellulaire Un téléphone portable
Une go/ une bouille Une fille
Avoir un deuxième bureau Avoir une maîtresse
Tu fréquentes où? Où vas-tu à l'école?
Demander la route Demander l'autorisation pouvoir partir/ sortir du village
Un titanic Un taxi public
Avoir l'œuf colonial Ventripotent
Jusqu'à fatigué Trop
Le goudron Une route bitumée
C'est quoi même? Qu'est-ce qu'il y a?
La descente La fin de la journée de travail
Piéter Aller à pied
Gagner petit Avoir un enfant
Goder Boire
Y a pas le feu Il n'y a pas de problème
Sources: [1],[2], [3], [4], [5]

Un français populaire à l'écrit est aussi apparu dans la colonne Soliloque de Nobila Cabaret du quotidien burkinabè L’Observateur Paalga du vendredi initié par Boniface Batiana et repris par la suite par El Kabor mais aussi dans la rubrique Moi Goama du journal satirique Journal du jeudi.

  • Francophonies africaines, Gisèle Prignitz, André Batiana , 1998, Pu Rouen, (ISBN 2-87775-245-3)
  • Amadou Bissiri, "Le français populaire » dans le champ artistique francophone. Les paradoxes d’une existence", Cahiers d'études africaines, p. 163-164, 2001, [6]
  • Jean-Alexis Mfoutou, Dictionnaire des sigles et acronymes en usage au Burkina Faso, Editions L'Harmattan, Paris, 2017, 610 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (Batiana & Prignitz, 1993, 105 et Batiana, 1998)
  2. (Caitucoli, 1993, 1996, 1998 ; Nacro, 1988 ; Prignitz, 1993, 1996, 1998)
  3. André Magord et Rodrigue Landry, Vécu Langagier africanophone et francophone de jeunes lycéens du Burkina Faso.
  4. Bakary Coulibaly
  5. "Le français des rues, une variété avancée du français abijanais", Suzanne Lafage, Faits de langues, 1998, vol 6, numéro 11, p.136
  6. Batiana, 1998
  7. Le « français populaire » dans le champ artistique francophone. Les paradoxes d’une existence, Amadou Bissiri, Plurilinguisme et création
  8. Interférences et français populaire du Burkina, Bakary Coulibaly, Langue française, année 1994, volume 104, numéro 1, p.64-69

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]